AccueilACTUALITESFaits divers / JusticeVillié-Morgon : quinze mois ferme pour avoir tiré sur une maison

Villié-Morgon : quinze mois ferme pour avoir tiré sur une maison

Les faits se sont produits à la suite d'une altercation fin juillet. Un mois et demi auparavant, l'homme avait commis un acte similaire sur une voiture.
Selon l'accusé, le tir aurait été réalisé à une dizaine de mètres du volet, depuis le véhicule au sein duquel il était avec son ami. Une version que les gendarmes contesteraient au vu des dégâts et de la configuration des lieux.
©DR - Selon l'accusé, le tir aurait été réalisé à une dizaine de mètres du volet, depuis le véhicule au sein duquel il était avec son ami. Une version que les gendarmes contesteraient au vu des dégâts et de la configuration des lieux.

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Cette salle du tribunal de Villefranche, Corentin K., 25 ans, la connaît bien. Et pour cause : présent dans le box des accusés vendredi 5 août alors qu'il était en détention provisoire, il a déjà connu six condamnations, dont une au moins de juin de cette même année.

Cette fois, c'est pour avoir tiré sur la maison d'un autre habitant de Villié-Morgon qu'il comparaissait, un mois et demi après fait feu sur la voiture de son propre beau-père. Des faits qui se sont déroulés dans la nuit du samedi 30 au dimanche 31 juillet. Au matin, les gendarmes ont été alertés que des coups de feu avaient été tirés dans la nuit sur une habitation, abimant les volets, la fenêtre de la cuisine et un réfrigérateur.

C'est la compagne du couple visé, Manon B., plaignante au même titre que son concubin, Mathias Z., qui a constaté vers 2 h 50 les dégâts après s'être levée dans la nuit pour boire un verre d'eau. Si elle n'a rien entendu, ce n'est pas le cas d'une voisine qui évoque deux coups de feu, des claquements de portière et de la musique.

Le pic d'une série d'altercations

Lors de leur enquête, les gendarmes ont rapidement pu remonter au responsable. La soirée précédant les faits, Mathias Z. s'est rendu dans un bar où le principal suspect est venu, visiblement fortement alcoolisé, accompagné d'un ami. Les deux hommes avaient passé la journée à boire dans plusieurs bars et à tirer à la carabine sur des boîtes dans les vignes. La serveuse a refusé de lui servir à boire et une altercation a démarré, durant laquelle le plaignant s'est interposé. Ce serait donc pour se venger qu'il a agi de la sorte, mais aussi pour d'autres différends antérieurs.

"Mathias s'est rendu à mon domicile il y a un an et demi avec une voiture, des amis à lui et un nunchaku, a assuré Corentin K. dans son box, faisant secouer la tête du plaignant en signe de dénégation sur le banc des parties civiles. Il est descendu aussi une autre fois de chez lui il y a quelques semaines avec la ferme intention de me casser la gueule. Mais rien ne s'est passé. C'est pour ça que j'ai voulu lui faire peur cette nuit-là en tirant dans son volet."

De son côté, Mathias Z. évoque des menaces avec arme et avec couteau de la part de Corentin K. dans le passé. Il a exprimé son inquiétude, notamment du fait que le couple travaille de nuit et que sa copine aurait pu se trouver dans la cuisine ce soir-là. "Ça ne va pas depuis ce qu'il s'est passé et j'ai la boule au ventre tout le temps", a-t-elle expliqué à la barre.

Une "dernière chance" non saisie

Selon l'accusé, le tir aurait été réalisé à une dizaine de mètres du volet, depuis le véhicule au sein duquel il était avec son ami. Une version que les gendarmes contesteraient au vu des dégâts et de la configuration des lieux. Travaillant comme saisonnier chez un vigneron de Villié-Morgon, Corentin K. explique être en couple mais habiter chez son père.

Il reconnaît surtout un problème avec l'alcool que corrobore fortement son dossier, rappelé par la présidente du tribunal. Il a été condamné en 2015 une première fois pour violence avec usage d'arme et alcoolémie, puis à des travaux d'intérêt général pour vol par ruse. En juillet 2016, c'est pour conduite sous l'emprise de l'alcool qu'il a de nouveau été condamné avec une mise à l'épreuve de deux ans révoquée en raison d'une nouvelle conduite alcoolisée, cette fois sans assurance.

Il a récidivé en 2019 avant d'être condamné à un an de prison dont six mois ferme pour avoir tiré le 10 juin dernier sur la voiture de son beau-père. Les armes utilisées à l'époque n'avaient pas été retrouvées par les gendarmes. "Que vous avait dit la juge d'application des peines à ce moment-là ?", a questionné la juge. "Que c'était un peu ma dernière chance", a-t-il reconnu, alors qu'il devait porter un bracelet électronique après les vendanges.

Face à cette multitude de condamnations, la procureure a requis la sévérité face à un accusé réclamant à plusieurs reprises de ne pas être mis en détention. "Il faut protéger la société d'un risque, a-t-elle avancé. Je n'ai pas entendu beaucoup de remise en question de sa part. Il se retranche derrière la consommation d'alcool. Mais ce n'est pas l'alcool qui a pris l'arme à feu et tiré à deux reprises. Seule la détention est adaptée."

En conséquence, le Parquet a réclamé deux ans de prison dont un an de sursis probatoire, une obligation de soins, de chercher une formation, de ne plus entrer en contact avec les victimes et de les indemniser. Une interdiction de port d'arme pendant cinq ans et la révocation de son sursis probatoire ont également été requis.

Presque deux ans derrière les barreaux

L'avocate du prévenu a avancé les problématiques d'alcool de son client – il boit seul le soir en rentrant chez lui – pour le défendre, ainsi que la séparation de ses parents, vue comme un point de départ de ses problèmes. "Ce dont il a besoin, c'est de soins et d'un suivi psychiatrique", a-t-elle affirmé, ajoutant que le fait de travailler dans le monde du vin ne l'aidait pas. "C'est quelqu'un de travailleur et de serviable, a-t-elle souligné. Ses armes ont été détruites. La réitération est limitée. Il a eu un déclic et l'incarcération pourrait empirer les choses."

C'est pourtant en prison qu'il passera les prochains mois de sa vie. Le tribunal l'a condamné à dix-huit mois dont six avec sursis probatoire durant deux ans. Il a également suivi les recommandations d'obligations du Parquet. À ces douze mois fermes, trois mois seront ajoutés pour la révocation partielle du sursis de sa précédente condamnation. Cela portera à 21 mois sa présence en prison, en raison des six mois fermes déjà reçus le 10 juin dernier.

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