Au début du XXe siècle, Villefranche est une ville où la présence ouvrière est importante (1 200 teinturiers, 1 000 giletières, 600 ouvriers dans les filatures, 1 200 dans le bâtiment, 500 métallurgistes). C'est à cette époque que le mouvement syndical se développe dans toutes les branches professionnelles. En Beaujolais, il y a triplement des forces syndicales dans le textile.
Les principales revendications de 1905 portaient sur les conditions de travail difficiles, des salaires trop faibles, des ouvriers renvoyés sans ménagement ou encore des faits de harcèlement sexuel envers des ouvrières.
La plus grande grève générale de Villefranche naît dans la teinturerie le 16 mai, les fileurs emboîtent le pas le 17... 1 100 grévistes sont répertoriés le 19 mai. Les négociations ne donnant aucun résultat, la grève générale est décidée. Le mouvement prend un tour violent et le 157e régiment d'infanterie vient de Lyon, la gare est gardée militairement et la mairie interdit les attroupements. Le 3 juin, grévistes et non-grévistes s'affrontent, des arrestations ont lieu et des condamnations sont prononcées pour coups et blessures.
Puis le mouvement s'essouffle, le syndicat patronal multiplie les "appels au bon sens de la population ouvrière" pour qu'elle reprenne le travail.
3 000 ouvriers ont participé à cette grève, mobilisant des centaines de gendarmes et policiers. Certaines usines, de peur de perdre des clients, ont cédé aux revendications, mais la majorité des ouvriers n'ont rien obtenu. C'est le 12 juin, après plus d'un mois de lutte, que la grève générale a pris fin.
Article tiré du supplément Les 100 histoires en Beaujolais - Val de Saône V.2 édité en 2016.