Il ne leur a fallu que deux mois pour se faire un "palmarès" presque professionnel en la matière. Mardi 7 février, le tribunal de Villefranche jugeait le cas de trois Albanais qui avaient réalisé une quinzaine de cambriolages entre les mois de novembre et de décembre en Beaujolais.
Erland Gjonaj, 27 ans, Vitor Kola, 26 ans et Alban Zefi, 31 ans, auraient initialement dû être jugés le 6 janvier 2023. Mais ils avaient alors choisi de "préparer leur défense" plutôt que de passer sous le régime de la comparution immédiate.
Mal leur en a pris : il n'y avait aucun avocat, cette fois-ci, pour défendre leur cause. Cela aurait pu leur être plus utile que leur défense jugée bancale, aussi bien par les juges que la procureure de la République, Dorothée Perrier.
Une filature de la gendarmerie
C'est dès le 13 décembre 2022 que les enquêteurs sont parvenus à remonter au trio. À Chazay, vers 17 h 50, une Peugeot 407 est contrôlée par la police pluricommunale de Chazay avec, à son volant, Erland Gjonaj. Sur le siège passager un tournevis et, à une quinzaine de mètres de là, une habitation qui sera cambriolée quelques temps plus tard.
Le rapprochement est fait et la ligne téléphonique de l'individu exploitée. Bingo : son téléphone a borné à proximité de trois faits identiques la semaine précédente. Le mode opératoire est le même : une effraction au niveau d'une fenêtre et un vol d'argent liquide et de bijoux. La ligne téléphonique est coupée dès le lendemain, mais les gendarmes persévèrent.
Ils exploitent les vidéosurveillances des communes pour mettre en évidence la présence du même véhicule dans le secteur des vols. S'ensuit une surveillance physique avec géolocalisation qui met en évidence un mode opératoire. Toujours le même. Très organisé.
Un mode opératoire bien ficelé
Erland Gjonaj et Alban Zefi, arrivés début novembre dans la région, résident dans le même hôtel à Décines, dans l'agglomération lyonnaise. Vers 16 h, ils partent ensemble en voiture et récupèrent Vitor Kola pour se diriger généralement vers le nord de Lyon.
Au cours de leur itinéraire de repérage de maisons inhabitées à Anse, Chazay, Denicé, Blacé, Porte des Pierres Dorées ou encore Jassans-Riottier, les gendarmes constatent que les trois hommes s'assurent régulièrement qu'ils ne sont pas suivis. E. Gjonaj est toujours au volant, tandis que A. Zefi et V. Kola entrent dans les maisons pour les cambrioler.
Lorsqu'ils procèdent à leur interpellation, les gendarmes retrouvent une caisse à outils. La perquisition de la chambre d'hôtel permet de découvrir argent liquide et bijoux. S'ils ne sont pas encore connus des services français, Europol a la trace de Gjonaj et Zefi. Le premier est fiché dans une organisation criminelle implantée en Espagne et le second a été exclu de ce même pays pour une série de… cambriolages. Kola, moins connu, n'a débuté les cambriolages qu'à compter du 23 décembre.
Un verdict plus sévère que les réquisitions
Face à la présidente du tribunal, Manon Richard, les trois hommes, originaires de la même région albanaise, ont reconnu les cambriolages. Leur justification ? "On a fait ça car on avait besoin d'argent, on était dans la galère. On était sous l'effet de la drogue, on voulait s'en racheter".
Erland Gjonaj présentait une dette de 8 000 € contractée en Albanie. De son côté, Vitor Kolaj, qui a contracté la tuberculose, cherchait à pouvoir se soigner. Ce serait la raison pour laquelle il s'est joint au duo. Les bijoux glanés étaient régulièrement revendus à un "Roumain", selon eux. Une personne qui n'a pas pu être identifiée par les enquêteurs.
Diverses parties civiles, des victimes des cambriolages identifiées, ont réclamé des dommages et intérêts chiffrés à plusieurs milliers d'euros. Dorothée Perrier s'est, elle, attachée au mode opératoire "parfaitement établi" du trio dans son réquisitoire. La représentante du ministère public a même évoqué une "efficacité millimétrique". Face à une "absence de toute perspective de réinsertion", elle a réclamé un an de prison pour Vitor Kola et deux ans pour Alban Zefi et Erland Gjonaj, avec maintien en détention et une interdiction de territoire français pendant cinq ans.
Le tribunal est allé encore plus loin, les condamnant respectivement à dix-huit mois et trois ans de prison et avec l'obligation de rembourser aux parties civiles plusieurs dizaines de milliers d'euros de préjudice matériel et moral.