La Grande boucle est décidément incomparable. On a beau savoir que c'est un des événements sportifs les plus suivis au monde, la liesse populaire qui s'empare des routes à chaque passage du peloton a de quoi émerveiller plus d'un journaliste.
Ce fût encore une fois le cas ce samedi à l'occasion de la 8e étape qui reliait Mâcon à Saint-Etienne. Une journée pas comme les autres pour le Beaujolais qui avait revêtu ses habits de fête.
10 h. A Cercié, il sont déjà des dizaines à être sur le pont. "On ne veut pas rater la caravane", explique Thierry. Certains ont même tout prévu pour mêler spectacle et confort. Chaises pliantes, barbecue et bien sûr les bouteilles d'apéritif anisé. "Le Tour c'est surtout l'occasion de faire une belle fête", plaisante l'un d'eux.
11 h 10. Ça y est, les premiers camions de la caravane ne vont pas tarder. C'est le moment de se placer pour être sûr de ne pas rater les fameux goodies. "Il va falloir jouer des coudes si on veut avoir des cadeaux", avoue un père de famille à son fiston. Les véhicules défilent dans une ambiance de boîte de nuit. Et c'est le camion Haribo qui remporte le plus de suffrages à l'applaudimètre.
Casquettes, chapeau, sachets de saucisson et autre porte-clés volent. Provocant par moment des débuts de bousculades... qui finalement se terminent dans un éclat de rire. C'est certain, le Tour draine une foule impressionnante et tout autant de bonne humeur.
12h30. Autre lieu mais ambiance tout aussi détendue dans les pentes de la Croix Montmain, la première grosse difficulté du jour classée en deuxième catégorie. Depuis la veille, des campings cars occupent le haut du village de la Creuse. Parmi eux, un couple de Bretons bien décidé à montrer que la Wawamania est de retour. "Warren (NDLR : Barguil), c'est notre champion."
Un peu plus haut, les petites routes sinueuses du Beaujolais se sont transformées en auberge espagnole. Du Belge, du Hollandais, de l'Allemand et même une banderole vantant les mérites de... l'Australie. De quoi faire marrer un sosie plus ou moins officiel de Coluche.
13h15. A Pierre Plate, le Comité des fêtes du Perréon n'a pas lésiné sur les moyens. Un écran pour retransmettre la course en intégralité, une buvette, un coin restauration et même un Lego de 3 mètres de haut avec sur lui le paletot du meilleur grimpeur.
Sur le bord de la route, à 30 minutes du passage des coureurs, tout le monde cherche à avoir la meilleure place possible. Les portables sont déjà sortis. C'est sûr, on ne veut rien rater de l'événement.
13h40. Les premiers hélicos de télévision survolent les routes perréonnaises. "Ça y est, les coureurs arrivent !" A l'avant, les quatre courageux du jour, De Marchi, De Gendt, King et Terpstra, fendent la foule. Le temps d'une journée, la Croix Montmain a des allures d'Alpe-d'Huez.
Cinq minutes plus tard, c'est au tour du peloton de se montrer. Là encore, tout le monde se bat pour apercevoir les tous meilleurs. Et c'est Julian Alaphilippe, la nouvelle rockstar du cyclisme français, qui recueille le plus d'encouragements. Perchés en haut de leur camion rouge, les pompiers du SDMIS, eux, profitent du spectacle.
Derrière, les premiers distancés du jour arrivent enfin et affichent déjà plus de trois minutes de retard sur le gros de la troupe. Parmi eux, Offredo et Ewans, sprinteur malheureux la veille à Châlon.
14 h. Ça y est, le Tour au Perréon c'est fini pour cette année. Peu à peu, chaises pliantes et parasols sont rangés. Si certains décident de suivre le spectacle sur l'écran géant de Pierre plate, la plupart des aficionados préfèrent rentrer pour regarder la performance ahurissante du vainqueur Thomas De Gendt et le coup de force des Français Thibaut Pinot et de Julian Alaphilippe, qui retrouve le maillot jaune.
Sur le chemin du retour, c'est un petit garçon, tout fier de porter sa casquette récupérée le long de la route, qui a le mot de la fin. "J'espère qu'ils reviendront l'année prochaine !" Nous aussi on espère...