Le délibéré est tombé ce mardi 6 septembre : après avoir été jugé devant la juridiction caladoise le 21 juin, Yoann S et Anthony D, respectivement gardien de la paix et adjoint de sécurité au commissariat de Roanne, ont été relaxé pour l'homicide involontaire qui leur étaient reprochés. Lors de la soirée du 31 juillet 2019, les deux hommes étaient de garde pour la nuit et ont accueilli dans leur geôle Romain Lardon, Roannais de 29 ans. Placé en cellule de dégrisement, il s'est suicidé une trentaine de minutes après son début d'incarcération, utilisant la jambe de son pantalon pour se pendre.
Une tentative qui n'a pas été stoppée par les deux policiers, qui ont retrouvé son corps sans vie plus de deux heures après, à 22 h 43. Un manquement de leur part, puisque la loi impose une ronde physique dans les cellules toutes les 15 minutes au minimum. Les parents de Romain Lardon et ses trois frères s'étaient constitués parties civiles. La famille reproche aux deux policiers un défaut de surveillance.
Des faits confirmés par une enquête "factuelle et structurée" de l'IGPN, comme le rappelle la mère de Romain Lardon, très déçue du jugement. "D'autant plus qu'ils avaient été avertis que Romain était à risque". Du côté des prévenus, les deux avocats des policiers ont pointé de nombreux manquements aux règles au sein du commissariat roannais et une charge de travail trop importante pesant sur ses effectifs, ainsi qu'un manque de communication entre les équipes, le tout n'imputant pas aux policiers qui étaient de nuit.
Dans son délibéré, la justice caladoise pointe "qu'il n'est pas établi que la réalisation d'une ronde aurait empêché le suicide". Incompréhensible pour la famille Lardon, pour eux, le rapport de l'IGPN comme la vidéosurveillance montrent la négligence des deux policiers : durant la soirée du 31 juillet 2019, l'un aurait pris un dépôt de plainte tandis que l'autre téléphonait à sa compagne. "La juge a pointé le manque de matériel et affirmé que même s'ils avaient été là, Romain se serait tout de même suicidé : c'est faux, car ils auraient pu intervenir au moment de sa pendaison. On a du mal à faire confiance à la justice", souligne son père.