La course à pied a pris une ampleur considérable depuis plusieurs années. Que ce soit pour la performance sportive ou le bien être, il y a de plus en plus d'adeptes. Quel regard portez vous sur cette évolution ?
"On est dans une période où l'on est toujours sollicité, que ce soit par un email ou un SMS. Quand on court, même si on a du monde autour, on est face à soi-même. C'est un peu le même phénomène que la méditation : une recherche du bien-être, qu'il soit physique ou psychologique. Les gens commencent à redécouvrir le lien entre la tête et le reste du corps. Les deux ont toujours été connectés même si on avait tendance à l'oublier."
Vous même vous êtes très impliqué avec votre projet de campus sport santé.
"Oui, ça me tient à cœur, même si ça a pris un peu de retard (NDLR : la faute à un problème de Plan local d'urbanisme). L'idée c'est d'avoir un centre pour accueillir les deux formes de pratiques sportives qui sont en pleine croissance aujourd'hui. D'un côté, on aura ceux qui souhaitent relever un challenge, dans le domaine du trail, du triathlon ou de la course à pied. Ils sont de plus en plus nombreux et de nouveaux adeptes arrivent sans arrêt, ils se découvrent souvent une passion tardive. On visera aussi les gens qui veulent faire du sport sans notion de compétition, seulement pour leur bien-être et leur santé. Dans tout les cas, on proposera une expertise et des infrastructures de hautes qualités."
Pour en revenir à l'athlétisme, quelle regard portez vous sur ce sport? La discipline est-elle en recherche de nouveaux leaders avec la retraite à venir d'Usain Bolt ?
"Bolt a été une formidable chance pour l'athlétisme. C'est un sportif hors-norme. On a rarement eu quelqu'un d'aussi performant, apprécié et sympathique. Il a permis d'apporter énormément de lumière sur notre sport. Mais en même temps, les différents acteurs de l'athlétisme ont eu tendance, pendant des années, à se reposer sur la "boltmania" sans remettre en cause les dysfonctionnements. On peut bien mieux faire avec ce sport qui a beaucoup d'atouts. Il est télégénique, mixte, apprécié, mondialisé… Mais on a du mal à capter l'attention au delà des championnats du monde et des Jeux olympiques."
Quelles solutions pourraient être préconisées ?
"On doit totalement repenser l’athlétisme avec la création d’un véritable circuit mondial. Aujourd’hui, il y a la Diamond league mais, à part les connaisseurs, personne n’y comprend rien. Avec le départ de Bolt, il va falloir trouver des solutions. Si on organise un circuit mondial aussi bon que ce qui est fait en Formule 1 ou en tennis, ça ne peut être que bénéfique pour l'athlétisme."
L'athlétisme français, lui, va bien avec six médailles aux Jeux olympiques de Rio. C'est quoi la bonne formule trouvée par les dirigeants français ?
"On a un directeur technique national, Ghani Yalouz, qui a fait ce qu'il faut pour que les gens aient envie d'être ensemble dans les grands rendez-vous et qu'il y est une dynamique d'équipe. Ce ne sont pas des choses qui se décrètent, il faut y mettre du sien, être convaincu que le succès passe par là et c'est ce qui a été fait. Tout ne passe pas que par la technique, même si les gens faisaient déjà un très bon boulot sur le terrain. Mais le management a changé. On a su faire le lien entre les différentes disciplines même si ça reste très compliqué. Il y a autant de rapport entre le bobsleigh et le badminton qu'entre le lancer de marteau et la marche. Donc si on veut créer une équipe, il faut vivre ensemble, partager des stages et être convaincu qu'on fait partie d'un même groupe."
Propos recueillis par Tony Fonteneau
Stéphane Diagana devrait prendre le départ de la 12 kilomètres samedi.