Qu'un candidat sans étiquette se présente aux élections législatives n'est déjà pas chose commune. Mais lorsque celui-ci présente la particularité d'avoir 18 ans et d'être Français depuis peu, cela attise forcément la curiosité. C'est le cas de Sofiane Dahmani. Le jeune Caladois, né en Italie, a décidé de se lancer dans la campagne.
"Je déposerai ma candidature le 16 mai", annonce-t-il fièrement aux abords du parking du marché couvert de Villefranche, non loin du lycée Claude Bernard où il est scolarisé en STMG pour étudier le management. Une filière à laquelle il semble préférer une autre destinée, plus politique.
Passionné de politique
Car son engagement pour les élections est le fruit d'une réflexion qui mûrit depuis longtemps chez celui que ses camarades surnomment à l'espagnole "Présidente", en référence à son caractère de leader. "J'ai toujours été passionné par l'histoire et la politique, raconte Sofiane. Je me dis que les jeunes doivent s'engager et devenir acteurs de la vie politique. C'est à nous de prendre le pouvoir pour ne pas subir."
Arrivé en France à l'âge de 12 ans, celui qui a depuis appris à en maîtriser la langue se définit comme "citoyen européen" et explique avoir toujours été engagé, même en Italie. "Je faisais partie d'associations sportives et culturelles, où on aidait les jeunes et où on faisait du volontariat, relate le lycéen-candidat. On était engagé dans la société." D'où l'absence de surprise chez ses propres parents lorsqu'il leur a annoncé la nouvelle. "Ils savent que ça me passionne", assure-t-il.
Smic à 1 500 €, climat, retraite et sécurité
Originaire de l'Ombrie, une région du centre du pays de Dante, Sofiane Dahmani peut se targuer d'avoir déjà toujours connu les paysages viticoles dont regorge le Beaujolais. Décidé depuis le mois d'octobre à s'engager, l'étudiant a déjà son idée des mesures politiques qu'il souhaiterait porter à l'Assemblée nationale. "Je veux revaloriser le Smic en l'augmentant à 1 500 €. Pareil pour les retraites de nos aînés", avance-t-il.
Si on ajoute la question de la mobilisation pour le climat, d'aucun pourrait penser que Sofiane Dahmani porte des idées de gauche. Mais il ne veut pas s'encarter. "Vous avez de très bonnes idées à gauche et de très bonnes à droite", argumente-t-il, souhaitant notamment porter la sécurité sur le devant de la scène avec le recrutement de plus de forces de l'ordre. Une Macron compatibilité peut-être ? "Il est plutôt de centre-droit aujourd'hui, rétorque l'aspirant candidat. Il ne drague que l'électorat de droite."
Entre 3 000 et 5 000 € de budget de campagne
Ambitionnant de parler aux abstentionnistes, Sofiane Dahmani compte sur son émancipation de tout parti pour convaincre. "Je suis du peuple", clame le lycéen, fils d'un père ouvrier spécialisé et d'une mère au foyer. Pour mener à bien sa tâche, il pourra compter sur une équipe qui s'est agrandie depuis l'annonce de son envie de candidater. "De 7 on est passés à 23 personnes qui vont militer pour moi, annonce-t-il. Ils seront dans chaque ville et chaque quartier pour tracter et faire du porte-à-porte afin de convaincre le plus de gens possible."
Le budget de la campagne ? Entre 3 000 et 5 000 €. Le fruit de ses économies personnelles, de celles de son équipe et de dons. "C'est un risque à prendre. Quand vous êtes passionnés par quelque chose, vous ne comptez pas", ajoute Sofiane, qui sera accompagné de sa suppléante caladoise, Mélissa Amiel, 18 ans et étudiante. Il croisera dans cette campagne le candidat Les Républicains Alexandre Portier, également son professeur de philosophie.