Quel est votre sentiment en tant que vice-président en charge de la sécurité à la Région Aura après ce qui s'est passé à Saint-Jean-de-Luz la semaine passée ?
La première chose que ça m'évoque, c'est qu'il s'agit d'un fait divers dramatique. Dans ces cas-là, on ne peut avoir qu'une pensée pour l'enseignante, ses proches, le corps éducatif et les élèves. Ce n'est pas pour rien que cela a suscité une vague d'émotion. Dans notre conscience collective et notre attachement à la République, on considère tous que les écoles, les lycées et les établissements d'éducation en général doivent être des lieux préservés. Dans le passé, on avait imaginé des lycées ouverts pour nos élèves. Et la réalité nous montre qu'on est confronté aujourd'hui à une société de plus en plus violente. Quand Laurent Wauquiez, en 2016, dans un contexte tout autre de terrorisme, a décidé de sécuriser nos lycées, il y a eu une certaine philosophie de discours disant qu'on ne pouvait pas faire ça. Mais il a en fait été pionnier.
Pouvez-vous rappeler ce que la Région a entrepris ces dernières années pour sécuriser les lycées sur son territoire ?
Il faut se remettre dans le contexte de l'époque. Laurent Wauquiez a décidé d'un effort régional sans précédent avec un plan régional en faveur de la sécurité des lycées. Au fil de l'eau, ce budget de sécurisation, qui a demandé des investissements lourds de protection et d'infrastructure, a atteint les 100 M€ depuis 2016. On avait commencé par dix lycées publics prioritaires. Aujourd'hui, on répond à la demande des proviseurs.
Quelle est cette demande ?
On avait monté un pack qui se basait sur cinq piliers de sécurisation : un périmètre des lycées bien clos, un filtrage des accès avec l'installation de portiques, une maîtrise des accès avec badges individuels, une sécurité intérieure avec de la vidéoprotection et le déploiement d'alarmes anti-intrusion, anti-attentat et de plans particuliers de mise en sûreté face aux risques majeurs. Tous les sites de la Région ont été visités pour voir lesquels de ces piliers pouvaient être mis en place. On a utilisé une méthode avec rencontre des équipes sur place, présentation d'un préprojet, concertation et finalisation du projet qu'on mettait en avant. Globalement, sur la Région Aura, on compte 281 lycées totalement sécurisés. C’est-à-dire qu'ils au moins trois piliers sur cinq de mis en place. Dans le détail, on a 305 sites équipés anti-intrusion et anti-attentat, 274 équipés de vidéoprotection, 258 de filtrage, 269 de contrôle d'accès et 267 dont les périmètres ont été sécurisés. On en a dix en ce moment qui sont en cours de travaux, trois en cours de consultation, un qui fait l'objet d'une étude et sept qu'on ne gère pas nous-mêmes puisqu'étant dans le cadre de collèges-lycées gérés par les conseils départementaux.
Vous avez aussi lancé l'expérimentation de brigades de sécurité dans le courant de l'année 2022. Pouvez-vous en faire un premier bilan et dire si cela se généralisera ?
Il est encore tôt pour en faire le bilan puisque ça a débuté en fin d'année 2022. Nous en avons mis en place en Isère, sur des lycées identifiés pour leurs difficultés, à la demande encore une fois des chefs d'établissement. L'idée de ces brigades est qu'elles interviennent de façon épisodique dans les établissements pour faire retomber la pression en cas de tensions.
On se souvient qu'en 2016, au lycée Louis-Armand de Villefranche, un lycéen avait poignardé à mort une autre lycéenne. Y a-t-il une limite à la sécurisation dans ce type de cas ?
Le risque zéro n'existe pas. Notre objectif est d'éviter les intrusions et de dire qu'on crée des obstacles par rapport à la délinquance. Vous ne pouvez pas empêcher de la drogue de rentrer dans un lycée. Certains peuvent penser que mettre des détecteurs de métaux pourrait suffire. Mais aujourd'hui vous avez des couteaux en céramique. Quid des compas ? Des ciseaux ? La limite, ce serait la fouille. Mais vous imaginez la complexité d'une telle opération et le côté intrusif qui pourrait être dénoncé. On veut mettre en place des outils matériels, des protections. Mais de la même manière que vous pouvez avoir une alarme chez vous, vous pouvez être cambriolé. Vous ne faites que limiter le risque. Comme tout dispositif, le nôtre a ses limites. Mais ce qu'on peut dire, c'est que la demande des proviseurs aujourd'hui vient entériner le choix et la vision de la Région.
La vidéoprotection presque entièrement déployée dans les collèges du Rhône
En charge des collèges, le Département du Rhône gère la question de la sécurité dans ses établissements. La vidéoprotection fait partie des dispositifs. Les installations filment les accès au site et les éléments extérieurs sensibles et les images, conservées 21 jours, sont traitées et exploitées localement. Selon la demande des chefs d'établissement, la cour et le préau peuvent être filmés, mais pas l'intérieur des locaux. 30 collèges sont équipés en moyenne de six caméras dans le Rhône, soit près de 94 %. Les deux restant à doter sont en Beaujolais, à savoir les collèges Le Bois Franc de Saint-Georges-de-Reneins et Mont Saint Rigaud de Deux-Grosnes.