Le 7 avril, le baromètre 2022 Ipsos et Sopra Steria autour de la présidentielle faisait état d'un indice de participation à 72 %, avec une minimale à 70 % et une maximale à 74 %. Dans ces 28 % de potentiels abstentionnistes, beaucoup de jeunes qui ne croient plus à la politique. C'est le cas de Jason Berry, 26 ans, rencontré à Villefranche-sur-Saône à la brasserie du Théâtre. "Personnellement, je ne vote pas car je n'en vois pas l'intérêt : ça ne change rien à la situation". Travaillant dans l'étiquetage de bouteilles de vins à Vinescence, le jeune homme dit ne pas trouver le temps pour suivre les programmes et propositions de chaque candidat.Lors de la dernière présidentielle, l'abstention lors du premier tour a atteint les 22,2 %. Deux semaines plus tard, plus d'un quart des électeurs ne se sont pas déplacés. Un record depuis le second tour de la présidentielle 2002 opposant Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen, où quasi un tiers – 28,4 % - des Français s'étaient abstenus. L'élection de 2022 pourrait-elle signer un nouveau record en la matière ?
Dans son entourage, il est loin d'être le seul à prévoir de s'abstenir "mon frère ne vote pas, mes collègues non plus, constate-t-il, mais du coup je ne me plaints pas des présidents et des gouvernements comme je ne participe pas au choix politique". Jason Berry considère néanmoins qu'il aurait son mot à dire sur la situation politique, mais il n'a plus de carte électorale et n'a pas effectué les démarches nécessaires la renouveler. "D'autres personnes le font pour moi, j'imagine qu'ils prennent le meilleur". Interrogé sur le quinquennat d'Emmanuel Macron, l'embouteilleur se dit satisfait "Pour moi c'est le meilleur, je pense qu'il faut qu'il reste à la tête de l'état".
Le contexte international prend le dessus sur l'élection
À Belleville, Jimmy Ibanes, militaire, ne mettra pas non plus de bulletin dans l'urne les 10 et 24 avril. "Les présidentielles, ça ne m'intéresse pas : la politique ne me passionne pas, notamment dans le contexte international actuel". Le militaire fait ici référence à la guerre en Ukraine, dont il trouve la gestion hasardeuse "C'est un peu n'importe quoi, les seules actions menées pour le pays sont principalement des dons de vêtements ou de l'aide matérielle, mais on n'envoie personne sur le front. Beaucoup de gens disent que ce n'est pas notre rôle, mais moi je pense que face à la Russie il faut avoir une réponse forte".
Jimmy Ibanes trouve qu'Emmanuel Macron n'en fait pas assez par rapport à cette crise : pour lui, le quinquennat du président sortant est décevant. "J'étais en opération extérieure lorsqu'il a été élu. Quand je suis revenu de mes quatre mois et demi de mission, j'ai trouvé qu'il avait mis la France sans dessus-dessous". Parmi les 12 candidats de cette élection, aucun programme ne le convainc vraiment, à part celui Marine Le Pen. "Elle veut changer beaucoup de choses au niveau de l'État, de l'économie, de tout ! Les autres ne proposent pas assez de changement à mon gout et changent d'avis toutes les deux secondes".
Pour autant, il ne lui donnera pas sa voix. "qu'on vote ou qu'on ne vote pas, dans tous les cas ce sera décevant", conclut-il. Un témoignage qui vient contredire le baromètre Ipsos et Sopra Steri, qui affirme que la guerre en Ukraine aurait fait progresser le niveau de d'intérêt pour l'élection "qui gagne huit points en une semaine pour passer de 72 % à 80 % […] Ce regain d'intérêt ne se traduit toutefois pas (encore ?) par une progression de l'intention de participer au scrutin, avec un taux de "certains d'aller voter" qui stagne à 66 %", précise le baromètre. Au sein du lectorat du Patriote Beaujolais, la tendance est plutôt au vote : dans un sondage posté sur nos réseaux sociaux, près de 91 % des répondants ont déclaré qu'ils se rendraient aux urnes.