Aprèsdeux manifestations la semaine dernière les 7 et 11 février, la Calade était de nouveau mobilisée pour une cinquième journée d'action contre la réforme des retraites ce jeudi.
Le cortège, parti comme à son habitude de la place de la Libération, était un petit peu moins fourni que lors des précédentes mobilisations, mais restait très conséquent si l'on le compare aux autres manifestations qui ont pu se dérouler les précédentes années dans la capitale du Beaujolais.

Preuve s'il en est que le sujet est capital, même si la rue – elle en a bien conscience – est tributaire du vote des élus de la nation.
Parmi les nombreux slogans scandés lors de la manifestation, le député de la 9e circonscription Alexandre Portier n'a d'ailleurs pas été oublié : "Portier, Portier, à quoi tu sers, la Calade, est en colère". Philippe, militant de la CGT retraités Villefranche Beaujolais et du Val de Saône, l'affirme d'ailleurs haut et fort "Nous ne laisserons pas notre député tranquille, même après les débats".
Il espère que l'hémicycle aura le temps d'examiner le fameux article 7, qui fixe notamment le report de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans contre 62 ans actuellement. "Il doit passer pour être voté, c'est notre préoccupation première : chaque député doit se positionner sur le sujet".
Questionné sur la tactique de l'opposition de gauche (Nupes) qui a déposé de nombreux amendements pour protester contre la réforme et le temps de débat court imposé par le gouvernement – avant d'en retirer une grande partie en fin de semaine – le militant tempère : "Pour, eux c'est une stratégie : moi je suis cette réforme sur le plan syndical, pas de mélange des genres".
"L'opposition de droite est absente du débat"
Un peu plus bas, alors que le cortège remonte calmement la rue Nationale, un trio de manifestants venu de Lentilly défile pour la deuxième fois à Villefranche : ils alternent entre la capitale du Beaujolais et Lyon depuis le début des mobilisations.

Pierre Guisset, étudiant en histoire, regardait les débats à l'Assemblée avant de venir battre le pavé caladois. "À gauche, il y a plusieurs stratégies : ralentir les débats du côté de la France Insoumise (LFI), tandis que les députés PCF essayent plutôt de privilégier des amendements de qualité, sur l'âge de départ, les critères de pénibilités ou les 43 annuités de cotisations, analyse le Lentillois. La technique des députés LFI n'est pas inintéressante puisqu'elle ralentit les débats, mais au final tout passe et là ils doivent retirer pas mal d'amendements".
À côté de lui, Juliette Toulat est affligée par les déclarations de certains députés. "Ils se contredisent eux-mêmes sur ce qu'ils ont pu dire il y a quelques années dans ce même hémicycle", souligne la comédienne, pensant notamment à Olivier Dussop, qui avait marqué son opposition à la réforme Woerth sur la retraite à 62 ans… quand il était encore socialiste. Et l'oppistion de droite ? "Elle est absente du débat", selon eux.
"C'est nous qui faisons tourner la France"
Un peu plus loin dans le cortège, c'est un trio familial qui défile ensemble : Marie-Pierre, retraitée, est venue avec sa petite-fille et sa fille, fonctionnaire d'état. Pour elle, il est capital de continuer à montrer son mécontentement dans la rue. "Peut-être que notre mobilisation peut faire basculer certains députés, espère-t-elle. Tant que ça n'est pas passé, il y a encore de l'espoir".
Sa fille n'est quant à elle pas très optimiste quant à l'issue parlementaire de la réforme. "Il y a des rapports de force très importants dans l'Assemblée et certains députés se battent vraiment pour les droits des Français : les députés Nupes, notamment, que tous les autres essayent de dézinguer. Ces politiques-là sont déconnectés : qu'ils viennent faire notre boulot".
Pour elle, atteindre l'article 7 dans les débats parait compliqué au vu du temps restant. "De plus, tout est déjà ficelé pour la majorité présidentielle, souffle-t-elle. Mais il faut quand même montrer notre mécontentement dans la rue : c'est nous qui faisons tourner la France". La prochaine mobilisation caladoise contre la réforme des retraites aura lieu le 7 mars.