Comme les deux années précédentes, 2022 a été dure pour les entreprises, avec notamment les conséquences de la guerre en Ukraine. Quels messages voulez-vous passer aux entrepreneurs ?
Agnès Bertillot, présidente de la CPME 01 : J'ai envie de leur dire de croire en leurs rêves pour les réaliser. Il est vrai que depuis maintenant trois ans les obstacles se dressent sur le chemin des entrepreneurs. Malgré tout, ils font front, se battent, maintiennent leurs activités. Selon une enquête que la CPME a réalisé en octobre, 95% des entreprises sont impactées par la hausse de l'énergie, avec parfois le sentiment que les fournisseurs profitent de la situation... Mais malgré une hausse moyenne de 10 % de leurs prix de revient, ils ne répercutent pas cette hausse sur leurs factures.
Va-t-on vers des défaillances ?
Malheureusement, le nombre de défaillances d'entreprises s'accélère. En 2022, on en a compté 37 000. C'est un nombre inférieur aux 52 000 enregistrées en 2019, mais il progresse. Et en 2023, nous aurons sans doute à faire face à de nombreuses défaillances également. C'est aussi pour cela que nous sommes associés au dispositif Apesa (aide aux entrepreneurs en souffrance aigüe, Ndlr), dans l'Ain. Il y a sur le territoire des chefs d'entreprise en grande détresse que nous devons aider.
"Les dirigeants refusent des commandes en raison du manque de salariés"
Les difficultés de recrutement, c'est une réalité ?
La CPME a réalisé une enquête en octobre auprès de 2 665 dirigeants. Il en ressort que 91% d'entre eux cherchent à recruter. Un tiers des dirigeants déclarent devoir refuser des commandes en raison du manque de salariés. Pourtant près des deux-tiers de ceux qui souhaitent recruter ont revu à la hausse les salaires à l'embauche. Et le CDI n'est plus vu comme un graal pour les employés. Trois dirigeants sur 10 ont vu un salarié refuser un CDI en fin de CDD. Dans ces conditions, on peut se poser des questions sur le bonus / malus mis en place par le gouvernement sur les CDD.
CPME de l’Ain : 30 ans, et encore des combats à mener
Il y a pourtant encore des chômeurs en France...
Ça a de quoi mettre en colère, et cela explique pourquoi 81 % des dirigeants interrogés sont favorables à la réduction de la durée d'indemnisation des demandeurs d'emploi. Et ne devrait-on pas aussi mettre des dispositifs pour favoriser l'embauche des seniors ? À la CPME, nous proposons des pistes de réflexion, comme l'incitation à l'embauche, en s'inspirant du récent dispositif mis en place pour l'embauche en alternance. Mais aussi la baisse des cotisations patronales au régime d'assurance chômage au delà du 57e anniversaire du salarié. Ou encore la mutualisation du coût de l'inaptitude...
Ces mesures vont dans le sens du projet de réforme des retraite...
À la CPME, nous soutenons ce projet de réforme. Il n'est pas possible de laisser la facture déficitaire du régime aux générations futures qui auront déjà à payer la dette qui dépasse 3 milliards.
"On veut faire porter aux entrepreneurs la hausse des prix"
Et l'idée du dividende salarié, qu'en pensez-vous ?
Un dirigeant sur deux prévoit une hausse des salaires dans son entreprise, pour faire face à l'inflation. Mais ils sont en revanche majoritairement défavorables au projet de dividende salarié. Pour quels motifs un salarié partagerait-il les bénéfices de l’entreprise ? À quel moment prend-il des risques ? À quel moment investit-il son patrimoine ? Est-ce qu'il lui arrive de ne pas prendre de salaire pour que son patron puisse se payer ?
On veut faire porter aux entrepreneurs la hausse des prix qui les impacte tout autant que leurs salariés. Il existe déjà des systèmes comme l’intéressement ou la participation.
Les Cafés de la Soupape, la bouffée d'oxygène des chefs d'entreprise de l'Ain à Bourg-en-Bresse
Quels sont les objectifs de la CMPE en 2023 ?
En ce début d’année 2023, la CPME de l'Ain se réinvente. À cette fin, les membres du bureau ont pris la décision de suspendre tous les rendez-vous habituels que nous proposons, jusqu’au printemps, afin de redéfinir notre projet d’actions. Nous allons travailler avec les référents des différentes animations et proposer un nouveau programme.
Nous conservons tout de même nos rendez-vous majeurs que sont Ain'Pulse et la soirée estivale. Et nous poursuivons aussi notre offre sur les comités d'entreprise. Nous allons aussi travailler avec les collectivités sur le sujet du foncier. Et enfin, nous allons préparer la "pesée" nationale (les élections patronales, Ndlr).