Petit à petit, bras de fer par bras de fer, Calade sécheresse gagne ses batailles. La toute première, la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle à Villefranche, a été remportée en juillet 2020, deux ans après la sécheresse à l'origine de sa création.
Depuis, l'association initialement créée par une cinquantaine de Caladois dont les maisons se sont fissurées continue de se battre pour ses adhérents, avec succès : de 70 % d'adhérents indemnisés ou faisant l'objet de travaux en mai 2022, l'association est passée à 80 % en novembre. "Des gens nous contactent pour adhérer ; on était des novices, mais au fil du temps, on a acquis des compétences en se renseignant et en se documentant", constate René Vaudant, président de Calade sécheresse.
Faire plier les assurances
Se faire prendre en charge et indemniser lorsque que l'on a une habitation endommagée par la sécheresse est un processus long et contraignant : une fois la demande de reconnaissance de sécheresse effectuée par la municipalité et reconnue par l'État (le sujet concerne à la fois les ministères de l'Intérieur, des Finances et du Logement), les sinistrés ont une dizaine de jours pour informer leur assurance.
Un expert vient alors réaliser une expertise pour vérifier que les fissures sur les maisons sont bien dues à la sécheresse, généralement suivie, le cas échéant, d'une étude de sol pour vérifier la présence d'argile dans le sol.
C'est en effet cette dernière qui, en gonflant puis en se rétractant, provoque les sinistres sur les habitations. "C'est un processus long, le parcours entier jusqu'à l'indemnisation et la réalisation des travaux prend cinq à sept ans", explique Gérard Bordet, membre du bureau de l'association.
Pour sa maison fissurée suite à la sécheresse de 2018, le dossier avec l'assurance coince toujours. Et il n'est pas le seul : difficile, chez certaines compagnies, d'obtenir gain de cause.
Le risque sécheresse n'est pas forcément compris dans les contrats anciens et les experts, quand ils se déplacent, pointent parfois d'autres cause que la sécheresse pour expliquer les fissures : végétation sur la façade, infiltrations d'eau… Même dans le cas d'une étude de sol -qui peut être réalisée à différents niveau – il est parfois compliqué de faire entendre raison à certaines assurances. "Celles qui font le plus de publicité ne sont généralement pas les plus efficaces", souligne le président de Calade sécheresse.
À l'heure actuelle, un des adhérents se prépare même à aller au tribunal pour avec son assureur. Pour faire plier les compagnies, l'association compte sur la médiatisation de sa cause : ses prises de paroles dans la presse locale et à la télévision – TF1, France 3, BFM et peut-être Euronews prochainement – lui permettent de peser dans la balance. Certains membres (son président notamment) viennent aussi voir les adhérents le jour de leur expertise d'assurance, pour les aider et les guider.
Après voir fusionné avec une association d'Arnas qui poursuivait le même but, Calade sécheresse compte à présent une trentaine de membres, parfois venus d'autres municipalités comme Limas ou Sainte-Paule.La sécheresse conséquente de l'été 2022 devrait amener d'autres personne à contacter l'association, qui compte bien poursuivre ses combats.