AccueilACTUALITESTerritoiresLogement, paysages, agriculture : l'Agglo répond aux interrogations des habitants sur le futur PLUih

Logement, paysages, agriculture : l'Agglo répond aux interrogations des habitants sur le futur PLUih

La réunion d'information du mardi 15 mars, à Gleizé, a été l'occasion pour les citoyens, venus en nombre assister à la présentation de l'élaboration du futur plan local d'urbanisme intercommunal et de l'habitat (PLUih), d'échanger avec les élus.
Logement, paysages, agriculture : l'Agglo répond aux interrogations des habitants sur le futur PLUih

ACTUALITESTerritoires Publié le ,

"Ce soir, on parle de grands principes, on ne rentrera pas dans le détail des cas particuliers." Le président, Pascal Ronzière, avait prévenu, en préambule de cette réunion d'information, mardi 15 mars, dans la salle des fêtes de Gleizé, qui a permis à l'Agglo de présenter les contours de son futur PLUih. Ce qui n'a pas empêché d'une part les élus et à l'urbaniste Nathalie Pont d'offrir une présentation dense des axes et enjeux découlant de ce plan, et les citoyens, d'autre part, d'émettre leur avis ou d'énoncer des interrogations.

Offrir des solutions à court terme pour l'activité économique

Les axes d'orientation ont été rappelés par Ghislain de Longevialle, vice-président en charge de l'aménagement : développement économique, agricole et touristique, mise en œuvre d'un modèle résidentiel plus équilibré, qualitatif et vertueux et transition écologique et protection du cadre de vie. Nathalie Pont a, par la suite, détaillé chacun de ces axes en plusieurs sous-axes. Pour le premier, elle a émis le souhait de l'Agglo d'offrir des "solutions diversifiées pour l'accueil d'activités artisanales, industrielles, agricoles et de service", rappelant le caractère "tendu" du marché dans le secteur limitant le développement des entreprises. "Il faut offrir des solutions à court terme avec de nouveaux sites, comme Beauparc, et implanter des artisans dans des tissus urbains mixtes", a-t-elle ajouté. La zone industrielle nord, Créacité, les Grands Moulins à Gleizé, le secteur de la gare ou encore le port font partie des surfaces qui pourraient être optimisées.

Ghislain de Longevialle, vice-président de l'Agglo en charge de l'aménagement.

"On veut assurer le développement d'une offre immobilière tertiaire, comme on l'a vu avec la nouvelle offre de bureaux de Blédina", a poursuivi Nathalie Pont. Mobiliser des friches, comme au Perréon, est une piste également envisagée. L'Agglo songe aux espaces de coworking et à favoriser la formation et l'enseignement supérieur sur son territoire avec, toujours, ce soucis de l'intégration paysagère. Enfin, le rayonnement touristique du Beaujolais occupe une place non négligeable de cet axe, avec la création d'aménagements autour de la Saône pour conforter son rôle de porte d'entrée du territoire.

"Notre territoire manque de personnalité"

"Nous avons lancé plusieurs projets simultanés (Beauparc, requalification d'Arnas nord, Jassans-Riottier, zone artisanale à Blaceret) pour mettre rapidement à disposition de nouvelles capacités d'accueil en termes de terrains et de locaux pour ne pas devenir un territoire dortoir", a précisé Pascal, Ronzière. A l'issue de la présentation de ce premier axe, la première question est venue d'un habitant de Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais. Principalement autour de l'esthétique de ces futurs aménagements. "On s'aperçoit qu'à des entrées de villages certaines professions ont abimé le paysage, a-t-il regretté. Je trouve que sur notre territoire il y a une incohérence de constructions de toutes sortes, avec des tuiles de toutes les couleurs. Notre territoire manque de personnalité."

Une intervention qui n'a pas manqué de provoquer des murmures d'approbation dans la salle. Une remarque, surtout, à laquelle Pascal Ronzière assure souscrire. "On veut inscrire dans ce futur PLUih des règles contraignantes pour que la qualité architecturale, l'intégration paysage et environnementale soient beaucoup plus fortes", a-t-il insisté.

Une maîtrise de la poussée démographique

Le deuxième axe, toujours détaillé par Nathalie Pont, a mis l'accent sur le logement et la maîtrise de son développement. "Les élus souhaitent limiter à 0,75 % la progression du nombre d'habitants (NDLR : contre 1 % aujourd'hui à horizon 2032, a mis en avant l'urbaniste. Cela représente 7 650 habitants supplémentaires entre 2018 et 2032, soit 550 nouveaux habitants chaque année." La majeure partie de ces habitants devront être situés sur la polarité urbaine. Autrement dit, à Villefranche, Gleizé, Arnas, Limas et Jassans-Riottier, où il est prévu que 85 % des futurs logements soient construits (4 900 contre 875 pour les villages de la deuxième ceinture). L'idée de cette modération est de "permettre de conserver un équilibre entre emploi et habitants".

L'Agglo veut aussi diversifier son offre de logement pour permettre de préserver l'accessibilité à la propriété et à la location abordable. Elle vise également l'accueil des personnes âgées, la rénovation thermique du parc existant et l'amélioration de la qualité architecturale. Indissociable de la problématique logement, la question des mobilités et de l'alternative à la voiture est également posée avec le développement des modes doux. Le stationnement sera probablement revu.

Crainte "d'immobilisme" des petites communes et "rupture" entre polarité urbaine et ruralité

Alors que Pascal Ronzière a insisté sur la notion de modération de l'accueil de nouvelles populations pour "protéger l'identité des communes", M. Jolly, habitant de Jassans-Riottier, a souhaité savoir si les 0,75 % d'augmentation incluaient la hausse démographique française, évaluée à 0,2 %. Un autre citoyen, de Villefranche, cette-fois, s'est en revanche inquiété du peu d'habitants qui seront accueillis dans les villages chaque année. "Elles sont pratiquement condamnées à l'immobilisme et je m'interroge sur ce que pensent les maires des petites communes de cette volonté", a-t-il questionné. Ghislain de Longevialle a assuré de la prise en compte de l'évolution démographique. Il a aussi attiré l'attention de l'assistance sur le fait que le plan d'aménagement de développement durable (PADD), qui définit les orientations majeures du PLUih, fixe des limites. "Il faut se donner les moyens de les respecter", a ajouté le maire de Gleizé.

Pour renchérir, Pascal Ronzière a précisé que ce futur plan local d'urbanisme était la "vision partagée de 18 maires" de "marquer une rupture" entre "la polarité urbaine et le territoire rural" pour éviter toute "densification". Un habitant de Blacé, en réponse, s'est demandé si sans accroissement notable de la population dans les villages, le maintien des classes dans les écoles allait demeurer possible. "Réduire l'offre immobilière alors que les prix sont en hausse de 15 à 18 % sur le secteur ne va pas régler le problème du coût des logements", a-t-il également pointé. "Ce que vous évoquez, c'est un peu la course à l'échalotte, a rétorqué Ghislain de Longevialle. L'idée est plutôt de modifier le type de logements proposés dans les communes pour faire vivre les équipements et les services. Il ne faut pas oublier que l'espérance de vie augmente. On travaille aussi sur le maintien du travail à domicile."

Le difficile équilibre

De son côté, le président de l'Agglo a rappelé la nécessité d'équilibre entre diverses aspirations : "certains nous disent qu'on construit trop, d'autres pas assez et il y a aussi des intérêts particuliers. Ce sont de vrais sujets." Présent dans la salle, Alexandre Portier a enfilé sa casquette d'adjoint à l'urbanisme de la municipalité de Villefranche pour rappeler les réalités qui se trament parfois en coulisses. "On reçoit des dizaines de promoteurs qui nous harcèlent et harcèlent les habitants et sans outil comme ce PLUih, on n'y arrivera pas sans défigurer le territoire. Notre PLU actuel est très vulnérable. La copie présentée ici est équilibrée et j'y souscris."

Alexandre Portier, adjoint à la mairie de Villefranche en charge de l'urbanisme.

La question de la végétalisation a également été soulevée par un habitant caladois pour les communes de la polarité urbaine. A cette dernière Ghislain de Longevialle a assuré de la prisse en compte dans le PADD de ces enjeux pour préserver des "espaces de fraîcheur". Le même citoyen s'est enquis de la question des anciens bâtiments agricoles et de leur changement de destination. Une difficulté avec laquelle composer dans la mesure où certains peuvent encore être réhabilités pour de futures installations d'agriculteurs et dont l'aspect patrimonial ou architectural peuvent freiner la possibilité d'en faire des habitations.

Des énergies renouvelables, certes, mais intégrées

Nathalie Pont a pu, pour finir, évoquer la place de la transition écologique dans ce PLUih. La réduction de la consommation énergétique et la production d'énergies renouvelables font partie des orientations choisies, avec un ciblage des efforts sur le bâti. Les mobilités, à travers le plan local de mobilités ou encore le plan vélo intègrent aussi cette logique. "L'Agglo se positionne en faveur d'un mix énergétique diversifié, en soutenant les projets sous des conditions d'intégration paysagère", a précisé l'urbaniste. Le réseau de chaleur pourrait être développé, également.

La collectivité prévoit également de s'intéresser à la valorisation des paysages à travers les trames verte et bleue. Aussi, elle désire "protéger les silhouettes des villages" en encadrant la densification et en préservant le patrimoine bâti. Dernier point, la ressource en eau, avec le développement de solutions à proximité des sources d'eau pour éviter toute pollution à proximité. La réduction de l'artificialisation des sols (à diviser par deux d'ici 2032) occupera aussi les esprits des élus.

"Nous faisons le choix d'interdire l'implantation du grand éolien, a assuré Pascal Ronzière. On peut accepter le petit, mais avec des conditions d'intégration paysagère extrêmement fortes." Idem pour le photovoltaïque, malgré des sollicitations. L'Agglo souhaite également réguler l'installation d'antennes relais. "Aujourd'hui, la législation permet aux opérateurs d'avancer rapidement. On mettra tout ce qu'on peut pour nous protéger."

Souveraineté alimentaire et cohabitation agricole

Ce volet écologique a été l'occasion choisie par les agriculteurs de montrer le bout de leur nez. Notamment un viticulteur de Rivolet qui, s'il a expliqué apprécier le maintien de l'agriculture, a demandé s'il serait possible de construire des habitations pour les futurs vignerons. "On voit aussi des maisons qui se construisent à ras des vignes, c'est un problème", a-t-il souligné. A cela, Ghislain de Longevialle a évoqué une "question difficile" du fait de réglementations nationales. "Il y a des possibilités dérogatoires, mais il faut des arguments forts pour l'obtenir", pointe-t-il.

Jean-Marie Roche, maraîcher bio de Saint-Etienne-des-Oullières, a lui mis l'accent sur la question de la souveraineté alimentaire. "Selon les chiffres que j'ai, pour nourrir l'ensemble des communes de l'Agglo en fruits et légumes, il faudrait 566 ha. Qu'est-ce qui est fait au niveau du PLU pour sanctuariser et bloquer cette surface ?" Pascal Ronzière, en réponse, a assuré de la volonté de sanctuarisation de l'Agglo. "Il y a eu une acquisition de terrains autour des champs captants de Beauregard, côté Villefranche. On veut y faciliter les exploitations sans produits phytosanitaires. On est prêts à mener des expérimentations." Il aussi mis en avant la mise en place d'un projet alimentaire de territoire sur les questions d'alimentation.

Stéphane Parizot, maire de Salles-Arbuissonnas.

Un autre Roche, Benoît, viticulteur à Denicé, a lui mis en lumière les problèmes de cohabitation entre nouveaux habitants et agriculteurs. "Quand je traverse les villages avec mon tracteur, je me sens seul et incompris", s'est-il désolé. Le président de l'intercommunalité lui a assuré de la défense du des agriculteurs par ses élus. "Les gens doivent comprendre que ça fait partie de l'identité de nos territoires et on l'inscrira dans nos documents d'urbanisme." La réunion publique s'est achevée avec la prise de parole de Stéphane Parizot, maire de Salles-Arbuissonnas-en-Beaujolais, qui a insisté sur le partage de vision des dix-huit maires de la commune. "Il faut voir ce règlement comme un chance", a martelé l'édile, dont la commune ne possède pas de PLU.

Partager :
Abonnez-vous
  • Abonnement intégral papier + numérique

  • Nos suppléments et numéros spéciaux

  • Accès illimité à nos services

S'abonner
Journal du 23 mars 2023

Journal du23 mars 2023

Journal du 16 mars 2023

Journal du16 mars 2023

Journal du 09 mars 2023

Journal du09 mars 2023

Journal du 02 mars 2023

Journal du02 mars 2023

S'abonner
Envoyer à un ami
Connexion
Mot de passe oublié ?