Jean-Philippe Aubanel peint depuis l’âge de 20 ans. Son travail, nourri d’influences majeures comme Matisse, Gauguin et le peintre danois Jorn, s’impose dès la fin des années 70 dans un éclatement de formes et de couleurs, empreint d’une énergie rare. Son mode opératoire : "Se rendre à l’atelier, le dehors écrasé par la marchandise, et attendre quelques lumières, par la brèche des nuages".
L’atelier offre une profusion d’objets, une accumulation de trouvailles, d’esquisses, de tentatives d’y parvenir, un plaisir sans fin et sans chemin de rester ouvert à l’aube du devenir… Un espace plus dégagé sert le travail du peintre. La dimension des supports ne dépend de rien. Or elle focalise, déborde ou contrarie le motif. Figure masque, maison femme, composent les surfaces. Une idée, toujours trop fugace, est ébauchée par un rapide dessin au fusain pour essayer de contenir ce qui s’enfuit déjà. La poudre volatile n’est jamais fixée, la ligne qui fut est estompée mais sa trace infime transparaît quand se forme une autre figure, prédominante.
D’ébauche en repentir la couleur raffermit les motifs. Les figures peintes sortent de l’oubli, quand pourtant rien n’indique en quoi elles devraient s’imposer ; pour Lydie Rekow-Fond, historienne de l’art contemporain, en conversation avec Jean-Philippe Aubanel, "Il y a toujours du temps pour savoir ce que pensent nos yeux en arrimant les couleurs sans nom. Aucune évidence dans ces figures masques fêlées : miroir ou spectre. L’apprenti peintre en ignore comment la trace est devenue couleur, comment les effets optiques opèrent d’après ou d’avant le blanc mêlé à la teinte : « couleurs sans nom ». A force d’ajout et d’essuyage le cœur de la peinture vibre et les figures nous font de l’œil".
Plus d'infos : jusqu'au 9 octobre 2022 au Hangar 717. Ouvert les vendredis, samedis et dimanches de 14 h à 19 h ou sur rendez-vous au 06 83 12 81 25. Concert de Gabriel Keller Trio dimanche 9 octobre à 16 h (tarif : 10 €).