Elle peint comme elle respire, beaucoup, vite, par pulsion et besoin vital. Et quand elle parle de sa passion, devenue son métier à part entière il y a deux ans, le mot qui revient le plus est "instinctif", comme un leitmotiv, presque un mantra à partager pour faire comprendre son univers pictural.
Née en 1966, Isabelle a d’abord découvert le dessin comme média évident pour arriver à s’exprimer. Solitaire et plutôt renfermée, peu bavarde, elle utilisait ce biais pour communiquer. En noir et blanc, très peu de couleurs, plutôt fondues, avec du pastel aussi. Ce n’est qu’en 2015 qu’elle découvre la couleur qui explose alors, et qu’elle mélange pour animer ses dessins.
Entièrement autodidacte, n’ayant jamais pris de cours de dessin ou de peinture, elle ne se revendique d’aucune école même si elle avoue avoir apprécié les impressionnistes, puis Matisse, Dali, Picasso, mais aussi Rodin. Dans la structure des visages qu’elle peint à l’infini - selon elle, les reflets de l’âme - on retrouve de grands aplats de couleurs qui contrastent et font penser au cubisme, et dessine un tracé des yeux et des regards à reflets de mangas. Les bouches sont pulpeuses, faisant rêver d’Afrique ou des couleurs du Brésil, comme l’une des interprétations possibles.
Ses tableaux sont une débauche de teintes des plus vives
Bien qu’habitant Saint-Georges-de-Reneins depuis environ 30 ans, elle est née à Belleville, où elle est revenue pour son exposition. Accueillie dans le hall de la mairie, pour une présentation au public jusqu’au 31 janvier, Monique Jacob, conseillère municipale, Chrystèle Tournerie, conseillère déléguée à la culture et Bernard Derot, en charge des expositions, découvraient ses toiles, ses bustes (mannequins de vitrine) ses tables basses, peintes à l’acrylique et recouverts pour certains de résine ou d’un vernis brillant.
À l’inverse de ses tenues plutôt classiques et dans une palette qui décline les unis, du noir au gris ou au marine, ses tableaux sont une débauche de teintes des plus vives qui s’opposent les unes aux autres, nées de son imaginaire. Un temps inspiré par la copie mais n’aimant pas copier, elle a très vite choisi de se lâcher et de créer son propre univers bariolé et expressif. Envoutée par ses tubes de peinture qui l’appellent, elle se retrouve parfois à peindre de nuit, de longues heures d’affilée, compulsive dans une logique d’attirance naturelle, celle qu’elle qualifie d’instinctive, car rien n’y est calculé. Ça arrive comme une évidence, ça coule de source...
Ses outils ne s’arrêtent pas à ses pinceaux. Elle utilise, selon la matière qu’elle veut rendre, de la pâte à relief, le couteau, des éponges, ou même ses mains. Son style interpelle et elle l’a présenté dans de nombreuses expositions.
Viviane Gobert - Correspondante locale de presse