C'est le climax de sa saison. Ce Tour d'Italie qui reste à part. Hubert Dupont, s'apprête à prendre le départ, ce samedi à Bologne, de son douzième Giro avec les même objectifs : servir au mieux les leaders de son équipe AG2R La Mondiale (Tony Gallopin et Alexis Vuillermoz) et tirer son épingle du jeu en montagnes, son terrain d'expression favori. Mais avant d'aborder son 23ème grand Tour (6 Vuelta, 12 Giro, 5 Tour de France), le coureur ansois a déroulé le fil de ses souvenirs sur ce Giro qu'il aime tant. Sans nostalgie aucune. Le meilleur est toujours devant soi. Même à 38 ans.
Le plus abouti
"En termes de performances, le Giro de 2011 est resté dans ma mémoire. J'avais fini 11e du Général avec plusieurs places dans les dix premiers sur les étapes (4e, 7e, 8e et 9e). Sur le plan personnel, celui de 2016 où j'avais réussi à nouveau à accrocher une 11e place au Général a prouvé que je pouvais passer les années et répéter ce type de performances. Cela rajoute de la valeur aux résultats obtenus. Emotionnellement c'était aussi fort."
Le plus relevé
"Mon premier Giro (2006) a été assez éprouvant, surtout lors des deux dernières étapes de montagne qui étaient dures et longues. Tu passes beaucoup d'heures sur le vélo et jusqu'au bout c'est rude, à l'extrême. Après ça, je n'étais pas non plus en galère en permanence. Je n'ai jamais terminé dans le gruppetto. J'ai pris, cette année-là, toute la dimension de ce que pouvait être un grand Tour. Le Giro, par rapport au Tour de France comporte tellement d'étapes de hautes montagnes que ça fait toute sa différence. On y met en jeu son endurance mentale. L'aspect psychologique compte énormément en Italie".
Le plus réussi collectivement
"En 2014, on a remporté le classement par équipe avec au bout de belles performances au Général (Pozzovivo 5e, Vuillermoz 11e, Dupont 16e). Cette année-là, on avait pu mettre en place une vraie stratégie d'équipe. On traversait une sorte de plénitude. Au Tour de France on avait ramené le classement par équipe. C'était une année marquante, à plus d'un titre."
Le plus extravagant
"Extravagant ? Je ne sais pas vraiment. Mais l'an dernier, on avait pris le départ en Israël. Il a fallu enchaîner les déplacements, les changements d'hôtel incessant. Ensuite, je me souviens d'une traversée de la Sicile assez compliquée, avec une étape le lendemain. Ce n'était pas la meilleure des préparations. Une année, on était aussi partis de Naples, prendre un bateau qui nous emmenait sur une île pour disputer un contre-la-montre. Tous ces à-côtés font partie du Giro. Dans la complexité de ces transferts on essaie de bien les vivre, entre nous ou avec les autres équipes."
Le plus dur
"Sur le Giro, je ne me suis jamais dit que je n'arriverais pas au bout. Je n'en ai pas un qui me revienne en tête et dans lequel j'ai songé à abandonner. Sur la Vuelta, en Espagne, j'ai connu des jours sans, en revanche. Participer dans la même saison à la fois au Giro puis au Tour de France, je l'ai vécu. La dernière année (2012 : Dupont avait chuté et souffert de multiples fractures), ça ne s'était pas très bien passé alors qu'en 2011, j'avais bien marché (11e du Giro, 21e du Tour de France). Cette année-là, c'était l'état de grâce…Avec le temps, il a fallu se rendre à l'évidence : la nervosité du Tour de France ne me réussissait pas alors qu'en Italie, je n'ai pas du tout les mêmes sensations."
Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse