Il n'est plus vraiment un espoir, dans ce championnat qui révèle, parfois, quelques-unes des futures étoiles du football français. A 32 ans, Idrissa Ba promène une sérénité, comme peu en ont à Villefranche, son sixième club. Un itinéraire comme on en relève tant en National, de Bourg aux Vendéens des Herbiers, de Dunkerque à Pau, et enfin de Bastia-Borgo la saison passée, au Beaujolais cet été. De toutes ces années, il aura tout connu : N3, National et Ligue 2 (à Pau en 2020-2021, à Bourg en 2015-2016). De quoi se construire une carapace, en visitant toutes les situations – une montée en L2 avec Bourg en 2014-2015, un maintien avec Bastia-Borgo l'an passé – il a suffisamment de vécu pour avoir quelques clés pour nourrir le présent du FCVB, ce maintien à construire, encore.
Pas de buteur à ses côtés
Une lutte permanente qu'il a endossée, avec en prime une certaine efficacité dans le surface, ce qui n'a pas toujours été sa définition première. Hervé Della Maggiore qui l'a connu à Bourg, est LE coach qui décrit le mieux sa courbe de progression pour en dire ceci au bout de 20 matches au FCVB, ponctués par sept réalisations quand l'an dernier à Borgo il en avait mis autant mais en… 26 rencontres disputées : "Il est efficace parce qu'il est devenu plus individualiste qu'auparavant. Pour un attaquant, c'est important", remarque ainsi HDM qui apprécie tellement les attaquants altruistes comme pouvaient l'être Dabasse, l'an passé ou Segbe un an avant, quand un buteur est dans les parages.
Della Maggiore : "Aujourd'hui, il est plus juste dans ses prises de décision."
Reste à trouver la bonne mesure d'expression pour répondre aux besoins de l'équipe. Dire que le FCVB faisait de Ba son buteur numéro 1, en le signant cet été, n'est pas une vérité partagée, mais elle est l'est devenue, faute de concurrent solide dans son secteur, Ngom, Guezoui ne quittant que rarement la case blessure. Alors, il a endossé cette responsabilité de buteur comme une évolution logique de sa palette d'attaquant, en assumant. "Sur le but qu'il a inscrit contre Avranches, il ne se pose pas la question de savoir si une meilleure solution existe autour de lui. Il a le but devant lui, il ouvre son pied malgré la présence d'un défenseur…", détaille Della Maggiore, complétant son analyse du moment sur son avant-centre devenu réaliste sur le tard: "Quand je l'avais à Bourg, il aurait peut-être fait une touche supplémentaire pour attendre un partenaire et lui donner la balle. Aujourd'hui, il est plus juste dans ses prises de décision." Un attaquant qui a longtemps construit son bout de chemin en créant des espaces pour les autres, ces petits plus dans le jeu pour le collègue buteur à ses côtés. Si en 2014-2015, à Bourg, Pape Sané avait planté 21 buts, il en devait quelques-uns à Ba, point de rupture ou de fixation idéal. Un bosseur qui sait que tout effort finira par payer. "Il tente beaucoup plus, aujourd'hui mais il a encore du déchet à l'entraînement, ce qui est normal quand on ose autant", souligne Della Maggiore qui sait qu'il pourra compter sur ses capacités physiques et une forme de résilience qui n'est pas toujours dans la mentalité de ses partenaires d'attaque : "C'est un roc. Il est souvent gêné par des petits tracas mais c'est un "Nirlo-bis", des mecs qui ne sentent pas le mal et qui jouent avec des douleurs".
Le premier des combattants en attaque
Un corps sain dans un esprit paisible, on pourrait lui accoler cette description, sans soucis pour son quotidien, comme le dit son coach : "Il est installé dans une vie de famille et ne fait pas d'excès. Avant, il avait tendance à prendre du poids. C'est moins le cas, désormais. Et comme il ne se blesse pas, il ne grossit pas. Il est plus en forme." Le premier des combattants en attaque. A Martigues, lundi soir, il donnera encore du boulot à la charnière adverse. Et si Villefranche ramène un résultat positif, comme c'est souvent le cas quand il marque, Ba aura probablement gonflé un peu ses stats. Cela n'a pas toujours été une préoccupation première, chez lui…
Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse.
