L'exemple parfait de ce qu'est la mentalité des joueurs qui composent le groupe du GOAL FC : du tempérament à revendre. A 27 ans, après avoir connu les étapes de formation à l'ASSE, puis les joutes de N2 et de National à Andrézieux et à Annecy, Maxence Chapuis s'éclate vraiment à Chasselay pour sa première saison dans un coin qu'il a appris à connaître au fil des mois. Venu dans le club du président Jocelyn Fontanel pour sa polyvalence – de l'impact au milieu, de la sûreté en défense centrale –, il est devenu un des cadres du vestiaire du coach Jamal Alioui, en quelques journées, sans jamais décevoir, en 20 journées de championnat. On se souvient, cet été, des mots d'Edouard Chabas, le responsable du recrutement du GOAL FC, à son endroit pour le présenter : "C'est assez incroyable qu'après 26 matches de N1 à Annecy, le nouveau coach (Laurent Guyot) ne lui a pas proposé de prolonger. Tant mieux pour nous. Milieu ou défenseur central, c'est un joueur de tempérament, une grande gueule. Il a l'expérience des montées (à Andrézieux, de N3 à N2 puis à Annecy de N2 à N1). Un bon jeu de tête et de l'impact."… Les mois ont passé. Et Maxence Chapuis s'est imposé. A Chasselay. Mais l'histoire est loin d'être terminée, comme il le raconte ici.
Quelle valeur donnez-vous à cette victoire du GOAL FC à l'OL (0-2), samedi dernier ?
"Elle a été acquise dans la continuité de ce que nous faisons depuis le début de la saison. Ce n'est jamais facile face à une réserve qui pouvait, en plus, bénéficier de quelques descentes du groupe de Ligue 1. Ce mois de mars va être synonyme de basculement du bon côté. Entre nous, on s'est fixé un objectif de quatre victoires sur quatre matches. Le plus important, à l'OL, était de bien démarrer ce mois car tu pouvais vite te mettre le feu avec la réception de Grasse à la maison, ce samedi. On a bien lancé notre série, contre une équipe difficile à manœuvrer. On met deux buts sur deux coups-pied-arrêtés (Mambu et Lemb), un domaine où nous flanchions un peu cette saison. Même si dans le jeu, les équipes commencent à nous connaître, on parvient encore à sortir une autre arme de notre poche ! Elle est bien utilisée."
Avoir neuf points d'avance sur le second Martigues, à dix journées de la fin, cela comporte quels genres de pièges encore ?
"Le piège, c'est se dire que c'est arrivé, c'est de se relâcher. Mais vous connaissez le coach….(Jamal Alioui). Jusqu'au dernier point, au dernier match de la saison à Toulon, il va nous rappeler l'objectif, sans se gêner. Dans le vestiaire, on reste conscient de la situation. Il n'y a rien de fait, encore. Il vaut mieux avoir ces neuf points d'avance, aujourd'hui, que l'inverse. Mais attention, il ne faut surtout pas tomber dans la suffisance. Il nous reste encore des confrontations directes face à Martigues, Grasse, Louhans-Cuiseaux qui sont nos poursuivants, même si la pression sera surtout sur eux que sur nous ! On ne veut pas laisser de points en route. S'il faut plier le championnat à six matches de la fin, on le fera aussi. On respectera tout le monde. Surtout qu'il y a encore beaucoup des points à prendre."
On sent dans votre équipe une grande émulation à l'approche du sprint final…
"C'est aussi parce que l'on commence à y croire un peu plus en étant leader. A l'entrainement, pour ceux qui jouent beaucoup, les blessés ou même le staff, on tire tous dans le même sens. Les dirigeants se mettent au diapason parce que vivre une telle saison, ce n'est pas si simple. On est dans une poule assez serrée d'habitude en N2 et là, je ne vois personne s'enflammer chez nous. Au contraire, on garde tous les pieds sur terre."
"Chaque samedi, il faut remettre le bleu de chauffe, pour aller chercher la victoire"
Vous avez fait preuve de maîtrise contre l'OL (0-2) après avoir arraché la victoire face à Marignane au mental et à dix dernièrement (1-0). Quelle facette de votre expression collective n'a-t-on pas encore vue ?
"Contre l'OL (0-2) on gagne sur coups-pied-arrêtés. A Marseille (2-3) on gagne dans le temps additionnel alors que cela n'était jamais arrivé. Le groupe se découvre certaines facettes dans le jeu. Cette victoire contre Marignane, à dix (exclusion de Le Maître), nous a fait prendre conscience que parfois dans un match il fallait lâcher les chevaux. Et quand ça devient plus rude, on peut aussi miser sur un peu plus de chance. Ce n'est pas négligeable."
Vous avez connu la montée en National avec Annecy au bout d'une drôle de saison (2019-2020) où le Comex, pendant la crise du Covid, avait stoppé la saison, avant la fin. Est-ce un beau souvenir malgré tout ?
"La saison avait été arrêtée à la 21ème journée. On avait laissé très peu de points en route, comme le GOAL FC cette saison, en étant très réguliers. On gagnait les matches à fort enjeu. J'ai les mêmes sensations ici. On dit toujours que lorsque les individualités sont performantes cela ne peut que mettre le groupe en marche, le rendre encore plus fort."
Dans cette ligne droite, quand on joue ces rencontres à fort enjeu, la peur existe-t-elle ?
"Non, je ne dirais pas la peur mais plutôt de l'agacement quand on veut toujours marquer vite, ouvrir le score. On peut aussi s'énerver contre une décision arbitrale. Là, franchement, je nous sens calmes par rapport à ça. On l'a prouvé contre Marignane. Pendant toute la première mi-temps, rien n'allait dans notre sens. A la mi-temps, on s'est regardés pour se dire qu'il fallait rester sereins. Au final, on a été récompensés à la 90ème minute avec ce but de Lemb (1-0). C'est notre gros point fort, ne pas s'affoler dans ces circonstances. Chaque samedi, il faut remettre le bleu de chauffe, personne ne va nous donner les victoires."
Contrôler sa nervosité, ça se travaille ?
"Non, c'est plus à chacun d'entre-nous d'y veiller. Il y a deux ou trois leaders qui ont un peu plus d'expérience. Ils permettent de tempérer les choses en cas de besoin. Mais même les plus jeunes dans le groupe, je les trouve matures et zen."
Tout au long de la saison, est-ce que votre coach a gardé le même discours ?
"Il a toujours gardé le même discours. Il nous rappelle qu'il n'y a rien de fait encore. A l'entraînement, dès que ça commence à tomber en dilettante, il nous remet une piqure de rappel. Quand le match arrive, il parle moins, il est plus calme, parce qu'il nous fait vraiment confiance. Par contre, la semaine, il sait nous maintenir dans la gagne."
Que diriez-vous de son approche humaine du groupe ?
"Il est assez proche des joueurs. Quand il a quelque-chose à dire, il ne passe pas par quatre chemins ! Il aime le jeu, vraiment. Et il entraîne tout le monde derrière lui. Il est également très écouté, à travers son expérience de joueur."
"Je savais où GOAL FC voulait aller en signant ici"
Grasse que vous recevez samedi a longtemps été votre rival le plus proche avant de perdre du terrain (4ème à 13 points du leader). Est-ce encore un gros match du haut de tableau ?
"Ce sera encore un gros match même si depuis cinq matches ils n'ont pas gagné. On a en tête notre défaite chez eux (2-0), à l'aller. Cela reste une belle adversité qui peut, en gagnant chez nous, se dire qu'elle a des possibilités de recoller suivant les résultats des autres équipes de la poule. Mars, je le répète, sera un mois sans cadeaux pour nous."
Si au bout il y a une montée en National, à titre personnel vous aurez donc su rebondir après avoir vécu la déception de ne pas être prolongé à Annecy l'été dernier…
"Ce sont des trucs qu'il faut arriver à sentir mais ça ne veut rien dire. Je savais où GOAL FC voulait aller en signant ici."
Quelle définition donneriez-vous du GOAL FC justement ?
"C'est un club un peu comme Annecy, familial. Au niveau de la qualité de l'effectif, c'est l'un des meilleurs dans lequel j'ai joué. Individuellement et collectivement, c'est très fort."
Propos recueillis par Ralph NEPLAZ
Correspondant local de presse