Quel est l'état des troupes alors que les joueurs ont semblé fatigués à l'issue du match contre Sète ? Vous leur avez donné pas mal de repos en début de semaine.
Tout va bien. Il y a un enjeu qui fait que, forcément, tout le monde veut jouer le match. On a eu quelques petits pépins le week-end dernier. Rien de très grave. On leur a donné trois jours parce que, psychologiquement, ils en avaient besoin. Je me souviens que l'an passé, les joueurs étaient arrivés en fin de championnat après un parcours remarquable et l'obligation de gagner tous matchs. Il y avait eu de la fatigue physique comme pour toutes les équipes, mais psychologiquement aussi, j'ai senti qu'ils avaient besoin d'un peu plus que deux jours. Pour nous aussi, le staff, ça nous permet de récupérer et d'aborder cette semaine du mieux possible.
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Comment est-ce que vous préparez vos joueurs ? On connaît la rivalité et les antécédents face à Bourg. Y a-t-il besoin de dédramatiser ?
Sur l'aspect psychologique, déjà, il n'y a pas besoin d'activer grand-chose. Il y a beaucoup de paramètres qui font que c'est un match particulier. Il faut qu'on se concentre qu'on se mette dans la tête qu'il s'agit d'un match qui peut permettre d'accéder à la Ligue 2 en faisant abstraction du nom en face de nous. C'est ce que je m'efforce à leur faire passer comme message. Je leur ai demandé de ne pas écouter tous les bruits. Je sais que ça peut spéculer à côté. Je leur ai demandé de se concentrer sur notre jeu, sur ce qu'on peut maîtriser.
N'avez-vous pas de craintes au niveau de la dimension athlétique que représentera ce match ? Cela peut démarrer tambours battants.
On ne sait pas trop comment ça peut partir. Il y aura de la crainte dans les deux équipes. Dans quel état d'esprit seront-ils ? Nous, on sait dans lequel on doit être. J'espère qu'on mettra l'intensité qu'il faut et qu'on verra la différence entre une équipe qui joue la montée et une qui ne joue rien.
Est-ce que c'est si commun de croiser des groupes aussi soudés, où il existe une forme de familiarité entre les joueurs ? Avez-vous déjà retrouvé cela ailleurs ?
Chaque fois que je suis monté. C'est pour ça que pour moi, aujourd'hui, c'est une constante. Si tu veux faire une bonne saison, c'est un impératif. Ça se crée déjà avec les joueurs que tu recrutes et ceux que tu gardes, puis ça s'entretient. Si j'ai des messages à faire passer, je dois le faire aussi. Mais aujourd'hui, c'est plus facile avec des joueurs intelligents. Après, tous ne sont pas amis. Il y a des affinités entre certains plus qu'avec d'autres. Mais sur le terrain ça ne se ressent pas. J'ai un groupe intelligent. C'est surtout dans les moments difficiles que tu le vois. Quand on a eu des défaites au mois de janvier, ça s'est un peu délié. Et puis tout est rentré dans l'ordre parce qu'ils se sont parlés.
Il se dit souvent que Bourg a un meilleur effectif en qualité pure. Si vous gagnez le derby, en plus du bonheur, ce sera un beau symbole ?
Ce sera surtout qu'on a bien fait les choses. Je ne veux pas me comparer à ce qu'a voulu faire Bourg. Pour moi, ça récompense ce que j'ai voulu mettre en place et en mes certitudes pour obtenir ce résultat.
Quel regard portez-vous sur l'engouement de jouer à guichets fermés ?
J'espère déjà qu'on aura des gens pour venir nous encourager et pas pour voir un match et seulement participer à une fête. La fête, on ne la fera que s'il y a le résultat au bout.Il faut que les gens participent au match en nous aidant et en nous poussant. On sera à domicile. S'ils viennent juste pour regarder, pour nous, ça n'aura pas de sens. On ne veut pas que des curieux dans le stade.
Y a-t-il un peu de superstition dans le vestiaire ?
Vous parlez du vendredi 13 ?
(rires) Non, on n'y avait même pas pensé. Plutôt de façon générale, sur un match couperet.
Je ne le suis pas. J'ai souvent joué un maintien ou une montée sur le dernier match. Toutes mes montées se sont jouées là-dessus. Cette année, ce sera encore le cas. Pour les maintiens également, je suis souvent descendu en barrages. Il y a eu des fois où ça a marché, d'autres non.
Plusieurs joueurs sont concernés par des distinctions individuelles au FCVB. Rémi Sergio est dans l'équipe type du championnat. Simon Elisor et Florent Da Silva sont cités pour être élus joueur du mois. Qu'est-ce que cela suggère sur votre équipe ?
Je pense que les joueurs préfèrent tous monter en Ligue 2 sans être élus meilleur joueur ou meilleur buteur. En ce qui me concerne, il y a beaucoup plus de joueurs du FCVB qui méritaient d'être dans cette équipe type, même si ceux choisis sont bons aussi. Je ne me focalise pas là-dessus. J'ai déjà été nommé meilleur entraîneur. C'est souvent celui qui termine premier qui est nommé d'ailleurs. Et je ne suis même pas allé à la remise des trophées. Je sais que dans le foot, un entraîneur peut être nommé un jour et se faire détruire au bout de deux ou trois mois. Je préfère être rectiligne dans mes émotions. Sur le banc, tu ne me vois jamais faire tour d'un stade, être très euphorique ou très dépressif. J'essaye de rester mesuré dans mes émotions.
Cela restera-t-il valable en cas de montée vendredi ?
Je pense que j'aurai beaucoup d'émotions à l'intérieur, comme j'en ai eu à chaque fois qu'on est montés. Mais je ne pense pas que je ferai le tour de stade. Ou alors c'est que j'aurai craqué (rires).
Comment réagissez-vous à l'éloge du président Terrier dans nos colonnes aujourd'hui qui dit que depuis que vous êtes ici, vous avez fait grandir le club ?
Je ne l'ai pas encore lu. Mais c'est gentil et je suis fier de ses propos. Après, quand on est dans un club ou un sport collectif, il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte. Je ne dis pas qu'un coach, il ne faut pas qu'il travaille peu, ne fasse rien ou ne connaisse pas son métier. Je dirais que même dans les moments où je suis descendu avec le Gazélec ou Bourg, je n'ai pas eu l'impression d'être deux fois moins bon. Il y avait d'autrres paramètres à prendre en ligne de compte. Ici, j'ai un contexte favorisant pour travailler. J'ai un groupe avec lequel ça se passe bien et auquel je m'identifie aussi. J'arrive à faire passer des messages. Il y a aussi mon staff qui est ce contexte permettant une bonne saison. Ça tient essentiellement à ça. C'est gentil de la part du président, mais il fait aussi partie du contexte dans lequel je suis arrivé. Quand un président et un entraîneur s'entendent, et c'est rare que ça se passe de la sorte, souvent, il ya plus de chance pour que ça fonctionne.