La directrice de l'école Montessori en Beaujolais ainsi qu'une éducatrice de l'établissement étaient jugées lundi devant le tribunal correctionnel de Villefranche pour "violences sans incapacité sur mineur de moins de 15 ans par personne ayant autorité sur la victime".
L'affaire secoue depuis des mois cette école privée hors contrat - à la pédagogie alternative - située sur les hauteurs de Villié-Morgon. Deux camps s'opposent parmi les parents d'élèves : l'un pour fustiger ces agissements présumés, l'autre pour soutenir les deux enseignantes placées sous contrôle judiciaire et interdites d'exercer depuis janvier dernier. Une division illustrée lundi au sein de la salle d'audience du tribunal, l'allée centrale faisant office de délimitation nette.
MAUVAIS TRAITEMENTS ?
Principalement étayée par les témoignages de nombreux enfants de 4 à 12 ans mais aussi de plusieurs adultes, l'enquête a mis en lumière des mauvais traitements à répétition.
Le tribunal a détaillé la longue liste des agissements reprochés : cous serrés, bras tirés, coups portés avec divers objets... "Des gestes d'énervement correspondant à un climat général de violence", a résumé le président Murbach. Une enfant porteuse de handicap s'est ainsi retrouvée confinée dans les toilettes pour faire la sieste, porte fermée et sans lumière.
DÉCISION LE 22 JUIN
Pendant plus de douze heures d'une audience fleuve achevée au milieu de la nuit, les deux enseignantes ont nié en bloc les faits reprochés par le tribunal, évoquant une cabale initiée par certains parents. La défense a également fait appeler sept témoins à la barre, tous exprimant à décharge le bien-être de leur(s) enfant(s) au sein de cette école.
"Complot ? Délire collectif ? Non. Elles sont dans le déni", a souligné le procureur de la République à l'occasion de sa réquisition. A l'encontre de la directrice et de l'éducatrice, le représentant du ministère public a respectivement réclamé 8 et 4 mois de prison avec sursis et l'interdiction d'exercer une profession d'enseignement à des mineurs pendant cinq et trois ans.
L'affaire a été mise en délibéré. La décision sera rendue vendredi 22 juin à 8 h 30.
Julien VERCHÈRE