Il était un peu le Karl Lagerfeld du monde de la viticulture. A la fois esprit visionnaire et travailleur acharné, Georges Duboeuf est décédé samedi 4 janvier. Il avait 87 ans et aura marqué le Beaujolais d'une empreinte sans doute indélébile.
Enfant de la "frontière", un pied en Beaujolais et l'autre en Mâconnais, il avait lancé sa carrière en promoteur amoureux des vins de la région, nouant dès les années 1950 de solides amitiés avec les restaurateurs émérites de la région.
Joint par téléphone depuis l'étranger, le grand chef étoilé Georges Blanc raconte le début de l'histoire. "J'ai dix ans de moins que Georges Duboeuf. Je l'ai connu par le biais de Paul Blanc, mon oncle, alors aux fourneaux du Chapon fin à Thoissey. C'est Paul Blanc qui lui a d'ailleurs fait rencontrer Paul Bocuse", se remémore le chef de Vonnas. "Aujourd'hui, j'ai perdu un ami fidèle... Je suis très triste."
L'ÉPOPÉE DES VINS DUBOEUF
Au milieu des années 1960, Georges Duboeuf a changé de dimension avec la création des "Vins Georges Duboeuf". L'entreprise a connu en plus d'un demi-siècle d'existence un développement incroyable et une forme d'apogée au tournant des années 1990 dans le sillage du beaujolais nouveau. Un phénomène marketing mondial auquel Georges Duboeuf aura beaucoup contribué.
"C'était un travailleur infatigable, un dégustateur au palais incroyable, un homme intègre, courageux, qui s'est donné à fond et jusqu'au bout pour cette région qu'il aimait tant. Sa passion était communicative, j'ai des souvenirs de dégustations mémorables...", souligne Georges Blanc, pour lequel "le Beaujolais a perdu une de ses figures, et sans doute même sa figure marquante".
Les hommages sont déjà nombreux pour saluer la mémoire de Georges Duboeuf, à l'image de celui rendu dimanche matin par Bernard Pivot, ou encore dès samedi soir par Bernard Perrut, député du Rhône. "Cet homme a fait connaître nos vins partout dans le monde, avec pour priorité la recherche de l'excellence, grâce à ses qualités de dégustateur, sa connaissance des terroirs et des hommes, et son charisme de chef d'entreprise visionnaire", applaudit Bernard Perrut, concluant : "Le Beaujolais lui doit beaucoup et Georges Duboeuf demeurera immortel."
Julien VERCHÈRE