Où l'on marche autant avec sa tête qu'avec ses jambes. Vincent Canard, dimanche dernier, à l'arrivée de ce Grand Prix Serra-Delorme, avait dans le regard la sensation que sa saison, enfin, venait d'être lancée. Et pour cause, il venait d'offrir au VC caladois la première victoire en Elite en 2014. Alors, une fois la ligne franchie, ils étaient tous là – le staff caladois, le fan club du VCC, les dirigeants, les nombreux partenaires – à lui tomber dans les bras. Le sentiment enivrant d'un succès, presque inespéré. Car, contrairement, aux précédentes éditions (en 2013, trois coureurs caladois avaient fini dans le top 10), cette fois-ci l'hégémonie caladoise était moindre. Dans une épreuve rendue plus rude par le tracé, la bosse finale menant vers Liergues était au menu des dix boucles traversant Cogny, Lacenas et Gleizé, c'est finalement le plus costaud, celui qui avait décidé que ce jour était donc le sien, qui a triomphé. Vincent Canard. Il l'aura fait avec une intelligence de course que son année au Japon, chez les pros, a sans doute rendue plus prégnante. Mais ce succès, plus encore qu'en 2011, n'a pas été acquis sans maîtrise. Une course nerveuse, débarrassée de temps morts, où les favoris voulaient s'expliquer entre eux, d'entrée. Très tôt, le Caladois Carisey a ouvert le feu. Initiative qui au fil des tours construira la première échappée. Celle-ci grimpera jusqu'à trente coureurs à mi-course.
Surprendre, sa spécialité
Avec Olivier, Carisey, Romeder et Canard, le VCC avait sa part d'espoir aux côtés du CC Etupes (Martin, Doubey, Lauber), du VC Toucy (M. Drujon, Maison…), de Charvieu (Cauquil) et bien évidemment de Bourg (Sonnery, Olavarria et plus tard Savickas). Que du lourd ! Le peloton, à 2'10'', ne les reverra plus. Un écrémage ensuite. Où les meilleurs restent devant. L'instant décisif. Dans le dernier tour, seul face aux Bressans Sonnery et Savickas ou encore au duo d'Etupes Martin-Lauber, Canard dans un groupe de dix, en soliste rusé et patient, ébauchera sa stratégie finale. Il laissera ainsi Edouard Lauber planter, dans la montée vers Cogny, son ultime attaque, avant de le contrer tout en puissance. Ce duo s'en ira ensuite chercher la gagne. Un mano-à-mano savoureux. Sous la flamme rouge, dans cette montée de Fonas tant redoutée, Canard prendra une trentaine de mètres, puis Lauber en grignotera vingt puis dix. Sans jamais revoir Canard. Savickas complétera le podium d'une course au rythme fou. En 2014, impossible n'est pas Canard. Il aura donc fallu attendre seulement trois ans pour voir un coureur du Beaujolais triompher à nouveau sur ses terres. Comme Henry Chavy, entre 1975 et 1978. A sa façon, plus mature, Canard est en train de marquer le cyclisme régional. Ce n'était pourtant pas gagné d'avance. Mais le verbe surprendre est bien dans les bagages de ce coureur qui jamais ne renonce. Comme dimanche dernier.
Ralph Neplaz
Correspondant local de presse
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