L'organisme est secoué depuis désormais trois semaines par une grave crise institutionnelle. Pour rappel, l'Organisme de défense et de gestion (ODG) des crus du Beaujolais a décidé le 18 décembre de reprendre son indépendance en même temps que sa gestion administrative et financière. Le Patriote s'en était longuement fait l'écho dans son édition datée du 25?décembre, information reprise par l'Agence France Presse et depuis diffusée par de nombreux médias nationaux, du Monde aux Echos. Si la manœuvre consistait à profiter de la période des fêtes pour se faufiler par un trou de souris, c'est raté…
La séparation entérinée – mais pas admise (voir encadré)?-, il faut désormais trouver une porte de sortie. Seize membres sur dix-huit étaient présents lors d'un conseil d'administration exceptionnel le 30 décembre dernier. "Nous avons demandé aux quatre représentants de l'ODG des crus ce qu'ils comptaient faire désormais. Mais au final, on ne sait pas grand chose de plus que les raisons avancées dans la presse", résume Denis Chilliet, secrétaire général de l'UVB.
Un petit groupe composé d'Audrey Charton et Michel Trichard pour les crus, de Denis Chilliet, de François Roth (directeur de l'UVB), ainsi que d'un représentant de la section viticole de la FDSEA (troisième acteur du syndicat UVB) se réunira donc désormais une fois par semaine "pour organiser le divorce" dixit Chilliet.
Flou artistique
Le secrétaire général de l'UVB critique la posture des crus?: "D'un côté, ils ont déjà fait appel à un cabinet de recrutement, trouvé un local à Fleurie, un nom... De l'autre, ils demandent à rester proches de la structure sur des dossiers tels que ceux de la sauvegarde et la mise en valeur des paysages. Mais s'ils se dotent de moyens humains propres, alors ils sortent automatiquement de l'UVB", analyse Denis Chilliet.
Directeur de la structure, François Roth rappelle au passage que l'union des vignerons "n'est plus une instance politique depuis 2008, mais une structure de moyens, le bras armé pour mettre en œuvre les décisions des ODG". De fait, les crus semblent déjà avoir l'esprit ailleurs, des courriers reçus à l'UVB évoquant "votre organisme" ou "vos services". Difficile dans ces conditions d'imaginer une autre solution qu'une séparation à 100?%. L'ODG beaujolais/beaujolais-villages devrait quant à elle faire connaître sa position sur le dossier à l'issue d'un conseil d'administration fixé au 15 janvier prochain.
"Aujourd'hui, c'est quand même un grand bazar. Les acheteurs vont en profiter, ce n'est bon pour personne !", craint Denis Chilliet.
Sans compter les répercussions à venir à Inter Beaujolais ou les blocages concernant d'autres dossiers dépassant le cadre de la viticulture. Une réunion liée à la marque territoriale a ainsi été annulée cette semaine. Il faudra sans doute de longues semaines pour trouver la voie d'une nouvelle organisation au sein de la viticulture beaujolaise. Et beaucoup plus pour refermer les plaies ouvertes par ce conflit entre nord et sud.
Julien Verchère
Crise à l'union des vignerons : et maintenant, on fait quoi ?
Il n'y avait pas de baguette magique sous le sapin à Noël pour régler la situation à l'Union des vignerons du Beaujolais (UVB).
Publié le , Partager :