Parler avec les 90 ans de Villefranche, c'est avant tout évoquer les choses tristes, même en temps de fête. Pour Pierre Poulenard, président de la classe 1952, le décompte des huit conscrits au ruban bleu-blanc-rouge implique également celui des compagnons disparus.
"Durant la dernière décade, nous avons perdu dix-neuf conscrits", énumère-t-il. Parmi eux, l'ancien président, René Debrun, décédé il y a trois ans et auquel Pierre Poulenard a succédé. Un poste dont il ne voulait pas forcément, mais qu'il a fini par accepter, poussé par les autres. "Ils ont peut-être pensé que j'étais le plus capable et le plus valide", en plaisante-t-il.
Il faut dire que Pierre Poulenard n'a pas toujours été membre de bureau, ni particulièrement investi dans l'organisation des conscrits. "Je me laissais plutôt traîner", explique-t-il avec malice.
Aujourd'hui, l'âge et ses affres étant ce qu'ils sont, les réunions à organiser sont plus limitées. Mais elles persistent, une fois par mois, autour d'une table ou dans un restaurant, que ce soit avec les conscrits qui peuvent se déplacer, des "pièces rapportées" ou les épouses des défunts.

Sept 90 dans la vague
C'est donc dans les souvenirs lointains que le Lyonnais d'origine, arrivé en 1967 à Villefranche et dont les 50 ans ont été la première décade fêtée, puise. Les plus marquants ? Les voyages de la classe 52 qui, selon lui, ont été nombreux. "On a été pas mal enviés, se remémore-t-il. On est allé en Tunisie et à Cuba aussi." Adopté "rapidement" par la Calade, Pierre Poulenard en retient la solidarité et l'amitié comme valeurs. Des aspects qu'il aime retrouver chez les jeunes générations.
Pour ce qui est de la vague dimanche, au son de la fanfare la Jeunesse ansoise, seuls sept participeront. Parmi eux, Roger Lhenry, Paul Cornier Louis Fessaguet, des Beaujolais pur jus, ont célébré toutes leurs décades à Villefranche. La plupart salueront la foule depuis la plage arrière d'une voiture.
Et les rendez-vous seront moins nombreux qu'il y a dix ans. "Nous ne ferons pas le retinton lundi, ni la retraite au flambeau car on a trop de peine à marcher", avoue le président. Mais ils iront bien manger au Saint-Romain à Anse dans la foulée de la vague, recevront leurs conscrites mardi et seront à l'Atelier mercredi pour un banquet intergénérationnel.