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Beaujolais : nouveau départ pour Sarah Perrusset

Rencontre avec la jeune vigneronne de Quincié-en-Beaujolais qui s'apprête à vivre sa première récolte suite à la retraite de son père Daniel.
Sarah Perrusset, en compagnie de son père Daniel, va réaliser sa première récolte à Quincié-en-Beaujolais.
©JMGuyPhotography - Sarah Perrusset, en compagnie de son père Daniel, va réaliser sa première récolte à Quincié-en-Beaujolais.

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Tasse de café à la main, Sarah Perrusset et son père Daniel font le point dans le cuvage, au lieu-dit La Roche, à Quincié-en-Beaujolais. Alors que débuteront ce vendredi 26 août les vendanges sur le domaine, c'est l'heure des ultimes préparatifs. Nettoyage du cuvage, aménagement du gîte pour l'accueil des saisonniers, préparation des chemins de vignes. Le temps est compté. "Tant que le raisin n'est pas en cuve, il peut toujours se passer quelque chose. Mais je suis sereine car le raisin est beau et mon équipe de vendangeurs est au complet, grâce aux réseaux sociaux", dit-elle.

Optimiste, Sarah Perrusset peut l'être pour sa seconde récolte sur le domaine. Mais ce sera surtout sa première en tant que vigneronne. Car depuis le 1er juillet dernier, elle a succédé à son père, Daniel, une des figures du vignoble, connu notamment pour utiliser un pressoir américain . "En 2020, mon père nous avait annoncées, avec ma sœur, qu'il souhaitait prendre sa retraite à l'issue de sa dernière récolte en 2021. À cette annonce, j'ai eu comme un pincement au cœur. Mes copains me disaient souvent qu'être la fille d'un vigneron, c'était une chance. Je ne mesurais pas leurs impressions. Jusqu'au jour où j'ai eu un déclic, lorsque dans le cadre de mon travail, j'ai participé à une visite au domaine Chapoutier. Et de fil en aiguille, je me suis dit : "pourquoi pas moi"", développe-t-elle.

"Je ne voulais pas que ça s'arrête…"

En janvier 2021, Sarah Perrusset annonce à son père qu'elle compte revenir sur le domaine qu'il a créé 40 ans auparavant. Elle entame alors les démarches administratives pour s'installer. "En six mois, ma vie a changé. Mon père, de nature pessimiste, a mal réagi à cette annonce. Pour lui, ma vie professionnelle était parfaite." Pendant dix années, la jeune femme de 34 ans a travaillé dans la communication et l'événementiel, pour le Musée des Confluences à Lyon, d'abord pour l'entreprise Vinci, qui a mené le chantier – "je gérais la communication et les visites de chantier" – avant que le Musée, avant son ouverture, ne l'embauche au sein du service Relation aux entreprises, afin de promouvoir les événements professionnels au Musée. "Il a fallu créer toute une offre commerciale, développer les partenariats, le mécénat, etc. Ces étapes de ma vie m'ont fait grandir et m'ont donné envie d'exploiter un potentiel avec les entreprises. Mais les rapports sont différents entre le Beaujolais et Lyon, et j'avais besoin aussi de retrouver cette authenticité, cette simplicité, en somme revenir à mes racines. Et avec le temps, mon père a pris du recul et m'a ouvert la porte pour travaille ensemble et m'apprendre le métier".

"Pensez Beaujolais, buvez Perrusset", le slogan que l'on peut lire sur la contre-étiquette de ce côte-de-brouilly 2021 "Père-fille", l'unique cuvée que Sarah Perrusset a produite avec son père (©David Duvernay)

Cette passation s'est symbolisée par la vinification d'une cuvée spéciale "Père-fille", en côte-de-brouilly (millésime 2021, 2 000 bouteilles). En parallèle, à partir de septembre 2021, Sarah Perrusset a retrouvé le chemin de l'école, à l'Université du vin au château de Suze-la-Rousse (Drôme), pour obtenir deux certificats, l'un en viticulture, l'autre en œnologie, en cumulant théorie et travaux pratiques. "J'ai aussi suivi le parcours à l'installation jeune agriculteur à la chambre d'agriculture et effectué des stages dans différents domaines du Beaujolais, mais aussi dans le Cerdon et à Condrieu. Ça m'a permis de créer du lien avec des vigneronnes et vigneronnes de ma génération."

Pour rendre un hommage à son père qui, au domaine des Tourrières, exploitait 5,3 ha de vignes en beaujolais, brouilly, côte-de-brouilly et IGP coteau de l'Ain (des blancs plantés à Lurcy), surface qu'elle a totalement repris, la jeune vigneronne a finalement décidé de créer un autre domaine, portant cette fois leur nom de famille. Si elle procédera à quelques évolutions, notamment la création de nouvelles étiquettes, Sarah entend perpétuer ce qui a fait l'histoire du domaine précédent, le pressoir américain évidemment, la vente directe et les vignes en pente. "Elles sontdifficiles à dompter et à travailler. Pour le coup, je suis comme mon père, un peu pessimiste. Mais ces vignes de coteaux, ça me tient à cœur et c'est potentiellement une force qu'il faut mettre en valeur, tout comme le pressoir à cliquet. Chaque année, ça me prenait aux tripes d'assister à des pressurées. Ce sont des moments uniques et magiques. Et je ne voulais pas que ça s'arrête..."

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