"Nos vignes", tel est le nom d'un projet original qui vient de voir le jour dans le nord du Beaujolais par la volonté de deux jeunes entrepreneurs, Pierre Chartier et Arnaud Martin. Si la société est basée dans le 6e arrondissement à Lyon, c'est bien à Jullié que réside le secret d'une aventure éminemment collective.
"Il y a un an et demi, nous avons décidé de racheter une parcelle de vieilles vignes en appellation juliénas, que nous avons confiée à Jérémy Bally, jeune vigneron talentueux", délivre Pierre Chartier. Jérémy Bally préside depuis quelques années aux destinées du domaine du Bois de chat, sur une surface d'environ 8 hectares en appellations juliénas et moulin-à-vent. Il y explore avec passion l'univers des vins nature.
ADOPTE UN CEP
Le concept développé par "Nos vignes" concerne deux hectares de l'exploitation. Il permet à des particuliers, amoureux du vin, défenseurs de l'agriculture raisonnée ou simples curieux, de souscrire un abonnement et d'une certaine manière d'adopter des pieds de vigne pour une durée limitée.
En bordure de parcelle, de petits écriteaux permettent de savoir à qui a été attribué tel ou tel rang. Les ambassadeurs peuvent suivre tout au long de l'année l'évolution de leur terre, des frimas de l'hiver aux vendanges ensoleillées, à distance via vidéos ou webcams, mais aussi en venant sur place en Beaujolais à la rencontre de Jérémy Bally.
DES MOMENTS DE RENCONTRE
Les prestations sont différentes en fonction du choix effectué parmi trois formules d'abonnement. Outre le fait de recevoir en fin d'année des bouteilles de leur cuvée personnalisée, d'autres rendez-vous sont programmés, sur demande pour des événements privés ou lors d'événement collectifs correspondant à quatre étapes phares du cycle de la vigne (vendanges, mise en bouteille, floraison, taille d'hiver).
"A la fin, les bouteilles personnalisées contiennent le vin qu'ils ont vu grandir", sourit Pierre Chartier. 50 personnes se sont déjà lancées dans l'aventure, l'objectif étant à terme d'atteindre les 200 personnes par hectare. "Mais ces 200 personnes ne seront jamais présentes au même moment ici, chaque événement ne devant pas rassembler plus d'une trentaine de participants afin de garder une dimension conviviale", insiste le cofondateur de l'entreprise.
RETOUR À LA TERRE
"Nos vignes, c'est trois ambitions principales : préserver les sols en passant les vignes en biodynamie, mettre en avant de jeunes vignerons en leur permettant de s'étendre et d'optimiser leur outil de production, et enfin apporter une traçabilité aux clients", détaille Pierre Chartier, héritier d'une tradition familiale agricole et qui souhaitait d'une certaine façon effectuer un retour à la terre.
L'expérience menée en Beaujolais constitue une première pour la start-up lyonnaise, qui envisage déjà de la dupliquer dans d'autres vignobles, tels que le Languedoc ou le Val de Loire.
Julien VERCHÈRE