P.Ferraud & Fils, comme son nom l’indique, est avant tout une histoire familiale née il y a cinq générations avec Philibert Ferraud, originaire de Régnié-Durette qui créa sa maison de vin en 1882 à Belleville. Lui succéda en 1890 Tony Ferraud, puis en 1914 Antoine Ferraud, connus pour avoir résisté aux Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale en s’opposant à ce qu’ils réquisitionnent leurs grands foudres d’une capacité d’environ 6 000 l alors qu’ils avaient dû fermer leur entreprise.
Ces anciens foudres à bière, originaires d’Allemagne mais achetés dans le Beaujolais déjà avinés, auraient alors retrouvé leur pays d’origine. Plus dommageable encore pour eux en cette époque troublée, un négociant tenta de les acheter au marché noir pour en faire du parquet. Fort heureusement, ils étaient toujours là en 1948 quand Pierre Ferraud rejoignit à son tour l’entreprise, avant que ne vienne le tour d’Yves-Dominique Ferraud en 1986, fier de les faire admirer à l’occasion du 140e anniversaire de la Maison, dimanche 4 septembre 2022.
"On a le droit de perdre des clients pour le prix, mais pas pour la qualité ou le service"
Bien que l’embouteillage ne se fasse plus dans les anciens chais, les treize nobles et vieux foudres de plus de 100 ans d’âge ont été conservés, hélas vides mais riches de tout ce passé, témoignage muet de la grande Histoire et de petites histoires. S’en écrivait encore une autre page quand les invités de la dernière fête étaient conviés à chanter sur l’air de la Marseillaise une ode à la Beaujolaise, pleine de bons mots et d’invitations à festoyer et à boire.
Pour ce faire, la Maison de vins offrait à déguster une cuvée spécialement élaborée en côte-de-brouilly du domaine Rolland à Odenas, ce partenaire de la première heure, fidèle depuis 139 ans et dont Nicolas Boudeau représente lui aussi la 5e génération. Car la maison Ferraud est à la fois propriétaire-récoltant, mais aussi négociant pour d’autres domaines parmi lesquels la maison Rolland figure en bonne place.

Alors qu’en sera-t-il de la 6e génération ? Yves-Dominique n’a pas de descendance, mais âgé de seulement 58 ans, il songe à planifier l’avenir, toujours fidèle aux valeurs de la maison basée sur une franche éthique à lui déjà transmise par son grand-père qui lui rappelait : "On a le droit de perdre des clients pour le prix, mais pas pour la qualité ou le service".
Des valeurs saines qui ont su pérenniser l’entreprise qui connaît une belle vitesse de croisière et une évolution plus basée encore une fois sur la qualité que sur le volume. D’où des clients fidèles en France mais aussi à l’export où Yves-Dominique a su faire ses armes et creuser le sillon déjà ouvert par sa famille avec notamment l’un de ses clients belges qui représente la 3e génération d’importateur. Il faut savoir ne pas être l’homme et l’entreprise d’un seul "coup".