Raymond Depardon a déjà filmé l'unicers psychiatrique ("Urgences", "San Clemente") et la justice ("Délits flagrants, 10e Chambre-instants d'audiences"). Son dernier documentaire "12 jours" est à la croisée de ces deux institutions. Le cinéaste a planté cette fois-ci sa caméra dans la salle d'audience du Centre hospitalier du Vinatier à Bron.
En effet, depuis la loi de septembre 2013, les patients hospitalisés sans consentement dans les hôpitaux psychiatriques doivent être présentés à un juge des libertés et de la détention avant douze jours, puis tous les six mois si besoin. D'un côté un juge, de l'autre un patient. Entre eux naît un dialogue sur le sens du mot liberté et celui de la vie. Raymond Depardon est le premier à montrer la mise en application de cette loi.
"Nous avons filmé 72 patients et notre engagement s'est renforcé au contact des patients éprouvés par la maladie qui ont tenu à témoigner avec dignité et sensibilité, a fait savoir le cinéaste. Ce sont avant tout des personnes qui souffrent, leurs paroles sont précieuses, pas seulement décalées, ni insensées, elles sont simples et fortes et engagent leur avenir."
"12 jours" présente dix de ces patients. Les premières images du film, soit des plans de longue séquence dans les couloirs de l'hôpital psychiatrique, nous plongent dans cet univers que l'on ne connaît pas.
Une ambiance froide règne couverte par des sons lourds. Il faudra attendre quelques minutes pour pénétrer dans la salle d'audience de l'hôpital psychiatrique. Commence alors la série de face-à-face. Les patients jugés irresponsables de leur acte se livrent et répondent aux questions du juge. Celui-ci contrôle la régularité et les conditions de la mesure de contrainte et prend connaissance des certificats établis par les psychiatres.
Ce film s'adresse à tous, il nous éclaire sur la psychiatrie, "cette discipline sensible, tout en nuances", qui prend en charge les personnes en grande souffrance psychique.
Laurence CHOPART